Ce
matin là, pendant qu'ils étaient le nez dans leurs bols ou se disputaient en
silence le pot de miel, leur mère leur dit « bonne nouvelle : votre tante
Mathilde et ses enfants viennent déjeuner », et après un moment de silence et
de regards coulés de l'un à l'autre, « ne montrez pas trop votre joie », et
puis « regardez moi », et puis « je compte sur vous », et puis à l'aînée « toi
tu restes là et tu veilles sur eux », et puis aux jumeaux « je ne veux pas vous
voir filer dans votre chambre » et à tous « vous verrez, ça va être une très
belle journée » et puis « souriez », et puis « je ne veux pas voir ces sourires
entendus ».