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mercredi 31 mars 2010
139 : mardi 30 mars 2010
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mardi 30 mars 2010
138 : lundi 29 mars 2010
lundi 29 mars 2010
137 : dimanche 28 mars 2010
dimanche 28 mars 2010
136 : samedi 27 mars 2010
samedi 27 mars 2010
135 : vendredi 26 mars 2010
Une odeur pestilentielle, épouvantable la vache, infectait déjà tout l'escalier, rien que le temps de monter jusqu'au troisième, le Stup' avait croisé deux voisins qui se barraient de chez eux livides, sortir de l'immeuble parce qu'ils n'en pouvaient plus de cette puanteur, limite il aurait été plus facile de traîner dans un four à pain pour se faire dorer la pilule que de rester baigné dans ce concentré surpuissant d'odeur de merde. Le Stup' en avait vu d'autres, deux ans plus tôt c'était lui déjà qui avait suivi à la trace le tueur à la chiasse, et d'ailleurs avant même d'entrer dans l'appartement du crime, il savait déjà ce qu'il allait y trouver, un ou plusieurs macchabées dans leur jus la gorge tranchée, et des dizaines de litres d'étrons liquides. Aucun doute pour le Stup', à l'odeur aussi forte et aussi dégueulasse, il savait tout de suite à qui il avait affaire, au tueur à la chiasse qui, après deux ans de constipation, avait subitement retrouvé quelque fluidité au niveau du transit intestinal. Le mec était un cas d'école doublé d'une énigme pour toute la science gastro-entérologique, parce que l'enquête avait déterminé avec certitude que toute la merde, à chaque fois et d'une fois sur l'autre, avait été produite par le même type, un seul et unique producteur. Chier autant et une puanteur aussi infecte, les toubibs comprenaient pas comment c'était possible. Une autre particularité du type c'était qu'il appartenait au genre très malin, une vraie anguille, pas moyen de lui mettre le grappin dessus, le Stup' en savait quelque chose. Pas manqué, une fois arrivé dans l'appartement, le spectacle bien connu de charogne, de brouettées de chiure et de raisiné. Deux cadavres, un couple homme femme, messieurs-dames bien tranquilles comme le diraient tous les voisins bien sûr. "Que du bonheur" a lâché le Stup' en inspectant l'appartement, toujours immunisé contre le dégoût deux ans après - quand même il a regretté de s'être enfourné quelques marrons glacés à ce moment là, on a beau être un solide, c'était quand même pas le meilleur endroit pour bouffer. Il n'avait pas du tout l'intention de laisser retomber le soufflé du côté des hachoirs à barbaque de Maisons-Alfort, mais il savait d'avance qu'avec le retour du tueur à la chiasse, il allait devoir mettre les bouchées doubles, parce quand ce mec là est de service, il laisse les lieux dans un état tellement déplorable que c'est impossible de les ravoir, l'odeur reste tellement longtemps incrustée dans les murs et dans le sol que plus personne ne peut accepter d'habiter dans ces locaux là. C'est ça, qui emmerdait le plus le Stup' dans cette affaire, c'est qu'avec le tueur à la chiasse, ce serait tout le temps les promoteurs immobiliers, les élus locaux, les offices HLM et syndics de copropriété tutti quanti qui n'arrêteraient pas de le pousser au train pour que le type soit mis au frais.
vendredi 26 mars 2010
134 : jeudi 25 mars 2010
jeudi 25 mars 2010
133 : mercredi 24 mars 2010
mercredi 24 mars 2010
132 : mardi 23 mars 2010
mardi 23 mars 2010
131 : lundi 22 mars 2010
lundi 22 mars 2010
130 : dimanche 21 mars 2010
dimanche 21 mars 2010
129 : samedi 20 mars 2010
samedi 20 mars 2010
128 : vendredi 19 mars 2010
vendredi 19 mars 2010
127 : jeudi 18 mars 2010
jeudi 18 mars 2010
126 : mercredi 17 mars 2010
Tant et tant de jours que je suis enfermée dans ces pièces. Tellement que je ne sais plus, ou que je ne désire plus savoir, si cette réclusion, ces lents déplacements derrière les persiennes entrouvertes – et je me contente d'une minuscule sensation de plaisir lorsque je traverse le rayon de lumière qu'elles laissent, parfois, filtrer – cette absence d'autre bruit que ma voix – mais je ne sais jamais vraiment si je l'entends réellement, ou si je sens les mots en moi – et le sifflement de mes oreilles, me sont imposés ou résultent d'une décision que j'aurais prise. Peut-être plutôt d'une nécessité, d'une maladie ancienne et d'une accoutumance, d'un renoncement, d'un oubli d'y mettre fin avec la guérison, ce qui justifierait cette faiblesse extrême dans laquelle je m'enfonce, y trouvant une très douce délectation. Il me semble, pourtant, que pensant cela, je me découvre un reste d'intérêt pour ma situation, et peu à peu l'ébauche de l'envie de la peser pour, peut-être – c'est encore fragile et vague – y mettre fin. Et, d'abord, je quitte le coin où je me tenais depuis je ne sais plus combien de temps, et je circule, je m'enfonce dans cet espace, passant de pièce en pièce, jusqu'à une salle où je n'étais jamais, je crois, venue, pleine de malles, de bagages, de portants, et puis, dans le fond, juste sous un lanterneau, de gigantesques fleurs en papier froissé. Assise sur les dalles, à côté d'elles, j'entreprends de les dépoussiérer, faisant apparaître leurs couleurs pâlies et artificielles. Alors je les prends, je me lève, et je me dirige vers l'endroit où s'ouvre, je m'en souviens maintenant, la porte sur l'extérieur. Je sors avec le désir de cueillir leurs sœurs véritables.
mercredi 17 mars 2010
125 : mardi 16 mars 2010
Il avait dû lui falloir beaucoup d'abandon et de renoncement, pour qu'elle me fasse monter chez elle. Et auparavant beaucoup d'abandon et de renoncement pour être aussi entreprenante avec moi, pour prolonger la conversation avec moi qui faisait l'intéressant, pour plus tard venir s'asseoir par terre à côté de moi, puis prendre ma main, la prendre et la laisser dans la mienne pendant que je parlais toujours comme si de rien n'était, de prendre ma bouche enfin en s'approchant doucement, puis le front posé contre le mien me dire que ça n'avait pas été si difficile. Elle avait l'air assez égarée et certainement l'était, on voyait tout de suite qu'elle avait été belle tant qu'elle avait pris soin d'elle, mais qu'elle ne le faisait plus, qu'elle avait réglé son soin d'elle sur son estime d'elle-même, et cruellement on voyait mieux son laisser-aller que ce qu'il avait eu à lui prendre. Elle cherchait de l'affection et m'avait trouvé pour lui en donner, j'étais d'autant mieux disposé à lui en donner et à en recevoir que je n'avais en rien prévu qu'un tel événement puisse alors arriver, aussi n'eus-je aucun comportement qui ait pu empêcher quoi que ce soit, empêché qu'elle m'embrasse, puis qu'elle me fasse monter chez elle. Chez elle était un bazar spectaculaire de magazines au sol, elle n'avait certainement pas dû prévoir non plus que quelqu'un viendrait, d'autres détails peu ragoutants disaient l'ampleur du manque d'affection dont elle souffrait, assez fort pour qu'elle préfère renoncer à cacher certaines choses que renoncer à un corps près du sien. Je vis tout ceci et ne m'aperçus de rien. Je ne le réalise qu'aujourd'hui, alors que j'y repense sans raison particulière accessible à ma conscience.