J'ai farci tes poches de mots doux. Quant tu viendras chercher tes derniers vêtements, tu les emporteras sans le savoir. J'étais fière de ma trouvaille jusqu'à ce que je craigne que tu imagines qu'elle en soit l'auteur, cette autre femme que je ne connais pas, sans doute prête à tout comme moi pour avoir le privilège de vivre avec toi, prête à mentir, prête à s'attribuer ma poésie et mes sentiments. Alors j'ai signé chaque morceau de papier ! Je les ai pliés en deux et sur le verso dédoublé j'ai inscrit mon prénom et l'initiale de mon nom d'une part, ton prénom et l'initiale de ton patronyme d'autre part. Sans être mariés, nous partageons une même initiale et un nom de famille si proche que j'aurais à peine l'impression d'en changer si seulement tu demandais ma main. Peut-être rangeras-tu tes vêtements machinalement sans découvrir les pépites que j'y ai cachées pour toi. Un jour, longtemps après que notre histoire sera morte, tu les trouveras et tu éprouveras un léger pincement au cœur. Ce n'est pas grave, ce n'est pas important. Le principal c'est que je sois encore capable de m'offrir à toi aujourd'hui, telle que je suis, avec ma fantaisie. Je ne te hais point.
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Je me lève afin que mon œil jouisse de ce nouvel horizon : à 360 degrés, rien que du vert, sans d’autre obstacle qu’un arbre ici ou là. Au-dessus, un ciel bleu turquoise. Le soleil est dans mon dos et mon ombre longue déjà. Me voici donc libre ! par quelle magie ? Et soudain je réalise que mon tourment ne prend pas fin avec cette nouvelle liberté : sans repère, la prairie ne m’offre aucune indication sur le chemin qui me mènera quelque part. Ailleurs, j’entends. Car on veut toujours être ailleurs que l’endroit où l’on se trouve. Là, je suis au milieu de l’herbe, que faire de cela ? et je suis seule. Je cherche un endroit foulé par d’autres pieds, où ma main pourrait serrer d’autres mains.
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témoin du martyre ombre d'homme souffle noir achèvement sur la pierre des ruines d'une hypothèse d'effraction.