jeudi 22 avril 2010

161 : mercredi 21 avril 2010

Sans savoir pourquoi ni comment, elle s’immisce en toi. Parasite virulent, elle dissimule ton vrai visage et le laisse figer dans un reflet grisâtre. L’ensemble de ton corps tente bien de décoincer quelques zygomatiques paresseux. Mais c'est peine perdue, ton nœud central ne dévoile aucun rictus salvateur. Tenaillant ton ventre, elle tourne autour de toi et t'assène pléthore de fausses vérités sur l’avenir. Heureusement, parfois, son pendant inverse exerce sur toi une telle pression euphorique que ton corps soudain se relâche. Dans ces moments là tu la crois disparue à jamais. C’est mal connaître son pouvoir de résistance. Elle est là, présente, ubiquiste, prête à lâcher à tout moment ses toxines et lorsque tes défenses sont affaiblies, elle accomplit à nouveau son travail, tel un démon à l’affût de la possession de ton âme.

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Des années sans contraception pour tenter d'avoir un enfant. Ils se marient. Ils insistent sans contraception pour l'enfant. Quelques mois après le mariage, enceinte. Quelques jours après qu'ils ont appris la grossesse, fausse couche. Quelques mois après le mariage, elle rencontre un autre homme, marié et père de famille. Un jour qu'ils font l'amour, le préservatif porté par l'amant craque. Quelques semaines plus tard, elle se découvre de nouveau enceinte. Elle ne le dit pas à son mari, on ne sait pas si elle le dit à son amant. Elle est blanche, son mari est blanc, son amant est noir. Une chance sur deux que l'enfant soit métisse et avoue l'adultère. Une chance sur deux qu'il ne soit pas métisse et complète le tableau d'une famille officiellement heureuse. On ne sait pas si l'amant quitterait son épouse pour reconnaître l'enfant métisse. On sait que le mari quitterait l'épouse adultérine et mère d'un enfant qui n'est pas le sien. On sait qu'elle ne craint rien tant que le drame. On sait qu'elle se fait avorter.