Je découvre avec surprise que le spectacle qui portait le numéro 24 chez les Hacs de Grande Carabagne correspond très exactement au divertissement numéro 25 des Samoyards.
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En ces temps de rentrée scolaire et d’achat du matériel idoine, je songe vaguement à me réacheter un stylo-plume ; la boîte de compas, l’équerre et le rapporteur je n’en vois plus trop l’usage, mais un stylo-plume, ne serait ce que pour signer les chèques (je règle le plus souvent mes achats par chèques) et dédicacer – ne rêvons pas : guère plus d’un tous les 36 du mois -, un livre. J’appose ma signature beaucoup plus souvent sur un chèque que sur une page blanche. Pour écrire comme il m’arrive de le faire, le stylo-plume ne me servirait à rien, ou alors il m’en faudrait deux puisque cela fait bien longtemps que j’écris des deux mains et des dix doigts à la fois. L’acquisition d’un stylo-plume neuf confirmait autrefois chaque franchissement d’étape décisive dans mon cursus scolaire et universitaire à partir de la 6e, puis chaque prise de nouvelles fonctions dans ma vie professionnelle. Au collège, des Waterman, valeur sûre corps métallique gris, au lycée des Pelikan, corps plastique vert de préférence, à l’université, budget serré oblige, des Stypen, et post graduate enfin, des Parker. Quelle que soit la marque, respect scrupuleux de la consigne constructeur : employer son encre. Jamais de cartouches universelles au rabais : j’ai toujours soigné mon écriture – sans pour autant avoir jamais convoité l’ascension de la gamme Mont-Blanc. Certes, l’on m’aurait offert le stylo au célèbre capuchon étoilé de blanc, je n’aurais pas craché dessus, mais je n’ai jamais développé aucun fantasme à son propos. Et si j’ai des souvenirs d’avoir acheté des produits de marque Mont-Blanc, c’était sous forme de crème dessert un peu écœurante mais pratique, toute faite, dans des petites boîtes en fer, vanille ou chocolat, dans les années 1960. Mon dernier stylo-plume de prise de fonctions date du XXe siècle, printemps 1995 plus précisément, époque à laquelle ma vie professionnelle s’est enfin stabilisée, un Parker, donc, modèle qui venait de sortir et dont le nom me ravissait : Sonnet. Un stylo fait pour moi. Qui a fui très vite comme tous ces prédécesseurs (en fait le problème est que je tiens mes stylos le majeur posé sur la plume donc encre plein les doigts et taches partout) et les a, par conséquent, rapidement rejoints au cimetière dans le tiroir du bas de mon bureau. C’est pourquoi je dédicace mes livres, les rares fois où cela m’arrive autour du 36 du mois, avec le premier stylo qui me tombe sous la main.
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Dans mon rêve est passé, chevauchant un beau cheval blanc qui dansait à petits sauts, le baron de Crac. L'ai trouvé charmant, mais je cherchais en vain dans ma vieille tête son nom officiel et l'un de ses exploits, pour le placer aimablement au coin d'une phrase. Il m'en a raconté un ou deux, j'ai fait montre de l'admiration souhaitée, et puis, comme il s'éloignait, une image m'a traversée et je lui ai crié « la queue de votre cheval !» - s'est retourné sur sa selle, a souri, a empoigné le panache blond de l'animal, ils sont sortis de mon rêve en un bond prodigieux, laissant la place à une jeune fille en longue robe claire à taille haute, boucles blondes sous une capote à longs rubans, qui distribuait en souriant des tartines à des enfants – j'ai cru la reconnaître.
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Marie porte sa famille à bras le corps, ses tares, ses névroses, ses racines aussi profondes que l'histoire, son lien particulier aussi et l'amour imparfait que chacun se porte. Marie est comme un fil entre les âmes, elle représente leur unité plus fortement que le sang, elle est leur présent et leur avenir. Marie a neuf enfants, trente-cinq petits-enfants et soixante-dix arrières petits-enfants. A quatre-vingt dix huit ans, elle est leur mémoire et le socle autour duquel ils se rassemblent tous les ans.
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Nue Je t’ai tout donné : mon cœur, mes pensées, mon corps, mes secrets les plus intimes, mes rêves… Tu m’as tout pris jusqu’à ce que je me brise. Je n’ai plus rien ! Tu as cherché à me rendre folle. J’en ai presque oublié mon désir de vivre. Ma coquille vide n’abrite plus que du vent. Tu as déterré mes racines, malgré tout je tiens debout. Tu t’es nourri de moi. Tu n’as rien compris, rien senti, pas même partagé. Tu m’as volée, tu m’as trahie, ton être malade a tout détruit. Tu es un monstre. Ta lâcheté me fait vomir. Je suis malade de m’être laissé abuser. Je suis anéantie par ton acharnement, dépouillée, vidée, infiniment triste, écœurée de tant de bassesse. Pourtant je suis vivante. Tu n’as pas réussi à me tuer. Je sors d’un long cauchemar, la vie sans toi m’apparaît bien douce. Je retiens mes larmes, j’étouffe ma rage, je calme ma souffrance. Je me suis trompée, affreusement trompée... L’automne arrive, mes pensées sombres seront balayées par le vent. La pluie me lavera de tes souillures. Le soleil réapparaîtra. Je me remettrai. Tu as perdu.