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Son visage accuse les années, ses mains sont parsemées de taches brunes, elle ne parvient que rarement à discipliner ses cheveux. Mais le pire est cette fragilité qu’elle n’attendait pas. Physique, d’abord, son pas est plus lent, de temps en temps moins sûr, elle hésite à sauter, à courir, parfois même les escaliers lui demandent toute son attention. Elle a vite froid, craint le vent, aime de moins en moins la pluie. Elle n’en parle pas trop, elle tente d’accepter les petits changements en faisant bonne figure. Ce lent travail des ans qui lui renvoie des images de papier froissé… Sa force s’estompe. Elle s’étonne sans cesse de ces émotions qui la submergent tout à coup. A-t-elle jamais perçu avec autant d’acuité la douceur du soleil couchant ? Chaque paysage devient tableau, elle les contemple avec gravité. Elle oscille entre le désir de laisser échapper sa joie et la nécessité de retenir sa tristesse. C’est ainsi qu’elle se retrouve tout à la fois emplie d’un bonheur intense face à la beauté du monde et démontée de tout ce qu’elle n’a pas su saisir. Elle s’émerveille d’un rien, tout est découverte, senteur, lumière, elle frissonne et tressaille, ses yeux s’emplissent de larmes subitement, elle les essuie rapidement, en cachette, elle inspire fort pour se reprendre. Elle se surprend à sourire aux fleurs, à parler aux oiseaux, à sauter dans les flaques, à jouer à cache-cache avec le soleil, à chanter en marchant. Elle garde précieusement quelques brindilles, une feuille, un galet, un morceau de bois. Elle ferme les yeux, se balance au rythme des vagues. Dans ces moments-là, elle retrouve sa frimousse d’enfant.