samedi 1 janvier 2011

414 : vendredi 31 décembre 2010

Quand il se sentait trop seul, Léon chantait en s’accompagnant à la guitare.

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L'expérience sans limite, c'est l'expérience des limites. L'ombre droite au pied de la paroi qui chavire.


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Dans sa famille, on n’avait jamais eu beaucoup de respect pour l'Église. Personne n’était même baptisé depuis 3 générations. La foi, ce n’était pas quelque chose d’acceptable dans un monde qui se portait si mal. On était plutôt communiste depuis la fin du XIXe aussi bien dans la généalogie paternelle que maternelle. Petite elle s’imaginait que les confessionnaux étaient des isoloirs pour le vote. Au collège, elle avait éprouvé un grand malaise en accompagnant une fois sa meilleure amie à la messe et une autre au catéchisme. A 18 ans, elle croyait en quelque chose de supérieur, en la bonté de l’homme et en sa capacité à se dépasser. Elle n’imaginait pas que de si grands monuments aient pu être réalisés par des mains humaines si elles n’avaient pas été mues par une foi légitime. Et puis elle avait pris son indépendance, quitté la maison familiale, entreprit une carrière, construit une vie de couple et il n’y avait plus tellement de place pour se poser la question d’une présence divine ou non. Parallèlement elle s’était un peu endurcie, estimant devoir trouver assez de ressources en elle-même pour faire face à ses problèmes et s’épanouir durablement. Elle ne voulait plus faire peser sur ses proches la responsabilité de ses propres soucis. Pendant quelques années, elle se débrouilla assez bien. Mais un jour, cela ne lui parut plus aussi simple. La vie était décidément très moche, et même si elle l’avait toujours su, il lui manquait quelque chose pour... continuer. Elle sentait naître un besoin nouveau, celui de croire. Elle n’attendait pas que ses semblables la comprennent. Mais elle avait besoin d’être comprise. Elle avait besoin de courage aussi et cela ne se donne pas. Alors qui sinon Lui ?


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Un matin, elle se vit dans une vitrine, un peu courbée, un peu lente, et le poids de ses ans, de ses actes, pensées, amours, fureurs et autres se fit plus lourd d'en voir l'effet, du moins c'est ce qu'elle crut. Elle voulut réagir, s'en débarrasser, rêva un peu. D'une grande flambée où elle noierait les yeux, fascinée dans le désir d'y entrer, où elle jetterai plutôt tout ce passé, et, redressée, souriante, elle le regarderait se consumer, se réchauffant à sa disparition. Mais il refusa de brûler. Alors elle le prit, le mit dans le premier container rencontré, et s'en alla, libérée.


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Bien souvent ceux-là s'absentent - ils font des songes, et passent de sas en sas, ils visitent des antres obscures, un ailleurs, un calme autre part où ils semblent parfois se perdre. Alors ils longent les courbes et suivent les axes pour projeter leur regard de part en part ; alors en silence ils s'oublient et se penchent pour écouter le chant des cadrans.