jeudi 13 janvier 2011

426 : mercredi 12 janvier 2010

Ayant, durant de longues années, économisé sa salive, Léon passa son âge mûr à cracher sur la terre entière.

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C’était décider de se satisfaire de ce que le jour aller nous donner, accepter ce qui arrivait effectivement et constater, a posteriori l’inanité de notre désenchantement perpétuel : notre facilité à baisser la nuque pouvait tout aussi bien, avec autant d’énergie, se transformer en sourire content, satisfait du sort ici fait, en ces murs, chaleur et salaire, hygiène et sécurité, ici ou ailleurs, ici plus proche, plus simple ; et se désenchanter de ça aussi, un peu, fermer les yeux sur nos raisons passées, fermer les yeux sur ce qui pourrait les remplacer.


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Il était presque toujours d'accord avec le dernier qui parlait, et il reprenait les mêmes arguments, redisait les mêmes sensations, mais avec mots si choisis, tant d'images neuves qui lui étaient propres, une si belle conviction, appuyés par son sourire un peu inquiet et tout à fait charmant, que tout le monde, y compris l'auteur des propos ainsi paraphrasés finissaient par être convaincu que l'idée était sienne, et neuve. Il suffisait d'attendre un peu pour goûter un aussi beau plaidoyer pour la cause contraire.