mardi 4 janvier 2011

417 : lundi 3 janvier 2011

Pour Léon, rester anonyme n’était rien au regard du sentiment d’autant plus amer que quotidien de demeurer anecdotique.

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C’était être surpris par la rapidité et l’évidence avec lesquelles reprendre ce quotidien était possible, presque autant que l’oubli avait été possible et, sans doute, plus facile, tant le temps passé ici nous avait imprégné de ses objets, de ses règles, de son souffle, de son battement et se sentir, avec dégoût, part de lui désormais ; cellule d’un monstre.


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Gwen se réveille dans un lit qui n'est pas le sien auprès d'une femme qu'il connaît depuis quelques heures à peine. Enfin, il ne connaît d'elle que ses lèvres, sa chaleur et ses rondeurs. Il n'en souhaite pas davantage. Il se souvient d'une partie de cash game la veille où il a encore plumé des fishs (devrait-il dire écaillé ?). Pas besoin de mémoire pour savoir la suite, l'éternel triptyque de ses nuits rythmées au blues : bar, club, hôtel. Une soirée que son banquier comptabilisera à 808 euros, rien en regard de ses gains. Il se lève, ramasse ses vêtements dispersés dans la suite nuptiale. C'est en voyant le nom de l'hôtel en sortant, Hôtel Azur, que lui revient son programme des trois prochains jours : il s'envole aujourd'hui pour Malte où il assistera à une conférence et en profitera pour continuer la formation de poker qu'il dispense à ce jeune Alex, ou Soren, à moins qu'il ne s'appelle Romain ou Clovis. Il lui faut héler un taxi. Justement en voici un qui passe devant lui et stoppe à l'arrêt de bus proche. Il a entr'aperçu le visage dévasté du client. Le blues toujours. Passons maintenant à la Grande Bleue.

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C’est une immense feuille de papier blanc, plus haute qu’un homme de grande taille, au centre de laquelle se trouve ramassées quelques lignes de texte, au milieu d’immenses marges, comme un point solitaire dans une mer de vide étale. Ce texte est un poème, plus ou moins, une petite histoire peut-être, une sorte de parabole, disons. Cette immense feuille peut être tournée comme celle d’un livre pour en découvrir une autre derrière elle, de même format, où plusieurs blocs de texte sont disposés, toujours un peu perdus dans les très larges pans de papier vierge. La personne qui aura pris la peine de lire les texte sur la première et la seconde page verra que le texte préalable reprend en une version légèrement différente des parties des textes lisibles sur la deuxième feuille. La troisième feuille de même format, derrière la deuxième une fois qu’on l’a tournée, montre une série de notes désordonnées où se trouvent définitions et citations éparses. La page est recouverte d’écritures sur la moitié de sa surface environ, à partir du centre. Les notes forment des constellations mentales et narratives où peut prendre place le court texte qu’on a d’abord lu, et comme des excroissances nouvelles, ou plus anciennes. Lorsque l’on tourne la troisième feuille, puisqu’une quatrième de même format est placée derrière celle-ci, on découvre une écriture serrée qui recouvre cette fois toute la surface du papier, de gauche à droite et de bas en haut sur plusieurs colonnes, où est recueillie une série hétéroclite, bien que présentant des parentés obscures, de textes italiens et grecs, japonais peut-être, ou argentins qu’importe, russes.


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Malaise Quand tu ne sais plus, plus du tout, plus rien, que chaque instant te semble absurde, tout désir mensonge, tout espoir perdu, quand tu te retrouves seul avec ce grand vide au fond de toi, tu te regardes et tu ne te reconnais pas ! Tu vois le paysage s’éloigner, les personnages disparaître, tout s’estompe. Le bateau s’éloigne du port et petit à petit, le ciel et la mer se confondent. Le ciel t’aspire, la mer t’engloutit. Tu as mal au cœur, les yeux secs, tu trembles, les larmes coulent à l’intérieur. Tu ne peux plus ni parler ni penser. C’est toi qui tiens la gomme et consciencieusement tu effaces tout. Jusqu’à la rencontre du vide. Enfin tu es là, immobile, au milieu d’une page blanche. Blanche et lisse. Sans aucune aspérité à laquelle t’accrocher. Tu n’entends plus aucun son. Tu ne ressens plus rien. Tu ne vois plus que le blanc de la page sur laquelle tu glisses, tu glisses, tu glisses…