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C’était être surpris par la rapidité et l’évidence avec lesquelles reprendre ce quotidien était possible, presque autant que l’oubli avait été possible et, sans doute, plus facile, tant le temps passé ici nous avait imprégné de ses objets, de ses règles, de son souffle, de son battement et se sentir, avec dégoût, part de lui désormais ; cellule d’un monstre.
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C’est une immense feuille de papier blanc, plus haute qu’un homme de grande taille, au centre de laquelle se trouve ramassées quelques lignes de texte, au milieu d’immenses marges, comme un point solitaire dans une mer de vide étale. Ce texte est un poème, plus ou moins, une petite histoire peut-être, une sorte de parabole, disons. Cette immense feuille peut être tournée comme celle d’un livre pour en découvrir une autre derrière elle, de même format, où plusieurs blocs de texte sont disposés, toujours un peu perdus dans les très larges pans de papier vierge. La personne qui aura pris la peine de lire les texte sur la première et la seconde page verra que le texte préalable reprend en une version légèrement différente des parties des textes lisibles sur la deuxième feuille. La troisième feuille de même format, derrière la deuxième une fois qu’on l’a tournée, montre une série de notes désordonnées où se trouvent définitions et citations éparses. La page est recouverte d’écritures sur la moitié de sa surface environ, à partir du centre. Les notes forment des constellations mentales et narratives où peut prendre place le court texte qu’on a d’abord lu, et comme des excroissances nouvelles, ou plus anciennes. Lorsque l’on tourne la troisième feuille, puisqu’une quatrième de même format est placée derrière celle-ci, on découvre une écriture serrée qui recouvre cette fois toute la surface du papier, de gauche à droite et de bas en haut sur plusieurs colonnes, où est recueillie une série hétéroclite, bien que présentant des parentés obscures, de textes italiens et grecs, japonais peut-être, ou argentins qu’importe, russes.
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Malaise Quand tu ne sais plus, plus du tout, plus rien, que chaque instant te semble absurde, tout désir mensonge, tout espoir perdu, quand tu te retrouves seul avec ce grand vide au fond de toi, tu te regardes et tu ne te reconnais pas ! Tu vois le paysage s’éloigner, les personnages disparaître, tout s’estompe. Le bateau s’éloigne du port et petit à petit, le ciel et la mer se confondent. Le ciel t’aspire, la mer t’engloutit. Tu as mal au cœur, les yeux secs, tu trembles, les larmes coulent à l’intérieur. Tu ne peux plus ni parler ni penser. C’est toi qui tiens la gomme et consciencieusement tu effaces tout. Jusqu’à la rencontre du vide. Enfin tu es là, immobile, au milieu d’une page blanche. Blanche et lisse. Sans aucune aspérité à laquelle t’accrocher. Tu n’entends plus aucun son. Tu ne ressens plus rien. Tu ne vois plus que le blanc de la page sur laquelle tu glisses, tu glisses, tu glisses…