Ai-je rêvé de cette maison où nous étions nombreux ? La vie débordait par toutes ses portes et fenêtres ouvertes les soirs d'été sur la terrasse, sur le pré qui dégringolait vers la haie de thuyas, rires, tous les timbres de l'enfance, brèves manifestations d'autorité bonhomme, heurt de balles sur un mur, plages de silence peuplées. Il reste une table et deux chaises sur la terrasse, à l'ombre de la tonnelle rousse, et tous les volets du premier étage sont fermés, clos sur les souvenirs, comme définitivement.
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Emportée par le courant du ruisseau, elle se débat contre l'eau froide, perd pied, retrouve une pierre de justesse qu'elle frappe de sa chaussure. Petit à petit elle se rapproche d'une branche à laquelle elle s'agrippe pour reprendre son souffle avant d'enfin regagner la rive. Assise sur l'herbe, grelottant, elle se frictionne énergiquement en regrettant l'espoir d'un feu. Au loin, les cris s'élèvent à sa recherche.