jeudi 18 août 2011

641 : mercredi 17 août 2011

Les Rosières naissent dans les roses. Et elles s’y fanent.

-----------------------


Rencontre XLII Le soleil perçait à travers les volets de la petite chambre. Mathieu passait toutes les heures, soucieux de ne pas manquer le réveil de Aude. C’est lui qui l’avait ramenée à la maison, dans la voiture, elle avait dormi. Le médecin l’avait prévenu, les médicaments prescrits lui permettraient de se détendre, elle pouvait dormir un jour ou deux. Elle s’était réveillée ce matin, sans aucun souvenir de ce qui lui était arrivé. Mathieu n’avait pas insisté, il lui avait parlé doucement, elle avait légèrement souri, puis s’était rendormie… Il avait parlé avec le médecin : celui-ci lui avait assuré qu’elle n’avait rien de grave, il avait fait tous les examens, tout était normal malgré son manque de fer. Sa chute avait certainement provoqué une crise de tétanie. Elle devait prendre un traitement et rester au calme, se reposer quelques jours. Il restait toutefois à sa disposition. « Elle est solide, votre femme, nous avons consulté attentivement son dossier, elle a subi de gros chocs mais ne vous inquiétez pas, elle réagit bien. Il lui faut du repos, c’est tout ! » Mathieu repassait mentalement les évènements des derniers mois, son instabilité, ses peurs soudaines, sa difficulté à écrire, son mutisme, ses absences aussi ! Il n’y comprenait plus rien ! Par moments, il avait l’impression de la perdre, il sentait qu’elle s’éloignait. Depuis quelques semaines, elle ne s’intéressait plus à sa musique. Elle ne lui demandait plus jamais ce qu’il composait. Le terme du médecin l’avait choqué : solide ! Alors qu’il la trouvait de plus en plus fragile, on lui disait qu’elle était solide ! Lucie lui avait expliqué comment elle l’avait trouvée… Qu’est-ce qui avait bien pu provoquer cela ? Tout allait de travers, il se sentait démuni, malheureux et atrocement inquiet. Il n’aurait jamais dû lui parler ainsi, la laisser seule, il s’était comporté de façon stupide… Il remonta dans la chambre : Aude avait ouvert les yeux, elle lui réclama aussitôt Emeline. Elle avait une vilaine marque au front mais son regard était joyeux. Il lui expliqua calmement qu’elle devait se reposer encore un peu, qu’ils iraient chercher Emeline ensemble, plus tard, quand elle pourrait se lever. A son grand étonnement, elle éclata de rire, lui disant qu’elle se sentait merveilleusement bien et, joignant le geste à la parole, elle se leva, l’embrassa longuement, prit une douche et sauta dans ses vêtements. « Je suis prête. J’ai trop dormi, tu aurais dû me réveiller ! Je suis trop moche avec cette bosse ! Où me suis-je cognée ? Bon, on y va ? » Il renonça à la contredire. Elle était radieuse, ses cheveux mouillés brillaient, elle trépignait sur place. Ils partirent à pieds jusqu’à la maison aux lilas. En chemin, elle lui cria qu’elle avait faim, qu’elle se sentait toute légère et qu’elle était heureuse qu’il soit rentré. Mathieu la regardait, éberlué de sa transformation ! Lucie préparait un gâteau avec les jumeaux, Emeline était sur son tapis, avec ses jouets. Aude la prit dans ses bras, repoussant ses longues boucles et lui donna des dizaines de baisers, partout, puis, se retournant vers Mathieu, s’exclama : « Je crois qu’il est temps de lui faire un petit frère ! » Abasourdis, Lucie et Mathieu la fixèrent, se demandant l’un et l’autre s’ils n’étaient pas fous !


-----------------------


Lentement, au fil des jours, des choix se font, des chemins se forment. Arnaud se sent comme un tricot dont on aurait mal compté les mailles, un peu trop étriqué là ou grand ici. Il oriente sa vie tant bien que vaille de contraintes en obligations, ne sachant comment sortir du désir des autres pour oser les siens.