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Rencontre XLI Adossée au vieux chêne, Aude réfléchissait. Pour la première fois, Mathieu l’avait laissée dormir seule. Il s’était enfermé dans son grenier, toute la nuit. Ce matin, elle avait entendu la porte claquer, elle avait suivi ses pas dans le jardin, puis le bruit de la voiture qui démarrait. Sur la table de la cuisine, un petit mot l’attendait : « Je pars à Paris. C’est mieux ainsi. Tu auras tout le temps pour réfléchir, ma petite étoile. Ne pense plus à lui, ils l’ont retrouvé, il s’en est sorti, encore une fois ! Je t’aime profondément. Mathieu » Elle avait tourné et retourné le message dans ses mains, le froissant, le dépliant, puis elle l’avait mis dans sa poche. Emeline se réveillait, elle avait besoin d’elle. Elle la serra dans ses bras, lui murmurant à l’oreille de petits mots tendres. Plus tard dans la matinée, elle avait appelé Lucie pour la lui confier pour la journée. Celle-ci n’avait posé aucune question : le visage de son amie en disait long… Aude avait ensuite cherché à joindre le médecin et avait annulé sa séance d’hypnose. « Eh bien, venez demain, à la même heure ! » avait-il simplement répondu avant de raccrocher. Elle avait une journée à elle. « Qui suis-je ? Je me sens si mal ! Ressaisis-toi ! Laisse ton passé ! Cesse de penser à toi ! Tu gâches tout ! Tu vas trop loin, tu ne trouveras rien. Je veux comprendre ! Des images me hantent. Je veux savoir ce qui provoque ma peur. Que m’a-t-on fait ? Je ne parviens plus à vivre. Je disparais, je sens que je disparais. Mathieu, je ne voulais pas te blesser. Je lutte, tu sais, j’essaie d’être moi-même. Ca ne marche pas, j’ai l’impression qu’on m’étouffe, qu’on m’écrase, je suis dans une cage de verre, je n’ai plus d’air, à chaque fois c’est pareil, l’eau envahit la cage et je me noie. Mathieu, crois-moi, je t’aime, s’il te plaît, j’ai besoin d’aide… » Aude était en sueur ! Son cœur s’affolait, elle voulut se relever mais glissa de tout son long sur le sol, sa tête heurta une pierre et elle s’évanouit. C’est la sonnerie du téléphone qui lui fit ouvrir les yeux. Elle avait très mal à la tête, du sang coulait sur sa chemise, elle était pleine de terre jusque dans sa bouche ! Elle s’obligea à se relever, marcha jusqu’à la maison et décrocha le téléphone. Lucie lui parlait de…elle lâcha le téléphone et vomit son déjeuner. « Aude ! Réponds-moi ! Aude, qu’y a-t-il ? Aude !!! J’arrive ! » Lorsque Lucie entra, Aude était livide, le visage en sang, la main droite curieusement crispée. Elle l’emmena à la salle de bain, nettoya la plaie qu’elle avait au front, et s’aperçut que sa main ne se détendait pas. Elle l’allongea sur son lit, ferma les volets, la recouvrit d’une couverture et descendit immédiatement appeler le médecin. Puis elle nettoya l’entrée. Pendant tout ce temps, Aude était restée muette, dans un état de stupeur absolument effroyable. Pierre arriva avec les enfants en même temps que le docteur. Celui-ci, après avoir ausculté Aude, déclara qu’elle devait être hospitalisée. Pierre lui indiqua alors le numéro de son confrère qui la suivait pour les séances d’hypnose. Le praticien hocha la tête, prit note, et téléphona à l’hôpital. Pierre emmena les enfants dans le jardin. Il appela Mathieu sur son portable et le mit au courant. Lucie monta avec Aude dans l’ambulance, laissant à Pierre le soin de s’occuper des enfants. Pendant le trajet, Aude refit surface et dit à Lucie que sa cage s’était brisée. Que voulait-elle dire ??? L’ambulancier lui dit de ne pas y attacher d’importance. Elle avait subi un choc, ce qu’elle disait n’avait certainement aucun sens. Lucie regardait son amie, totalement hypnotisée par l’état de sa main…
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J'ai rêvé de tendresse, d'une femme, ma sœur je crois, ne sais quelle, qui m'étreignais, et nous nous balancions tout doux, tout doux, et de toutes les peines nous nous dénouions, sans mot – je me suis réveillée, et c'était vrai, ou presque, juste ramené à un vacillement des yeux.
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Sa voix onctueuse s'élève, aux parfums brûles de soleil et de nostalgie. La chanteuse ferme les yeux en souriant et laisse son chant onduler au dessus des dunes, elle nous emmène en voyage avec humilité et amour. Devant moi, un couple entremêle ses doigts avant de partir discrètement. Envoûtée, je reste assise à ma table en sirotant mon verre jusqu'à ce que la musique s'éteigne, avant de rejoindre ma chambre vide. J'ai du temps, je peux flâner: personne ne m'attend.