Son épouse semble nettement plus jeune que lui, un assez joli visage, et lui qui a à l'air d'un terne bureaucrate grisâtre sans la moindre envergure, petit maigrichon chauve - d'une grande gentillesse. Je le vois comme j'avais revu par hasard le père d'un ami d'enfance qui m'avait laissé un bon souvenir : en fait un petit grand-père avant d'avoir le moindre petit-enfant, d'allure très insipide - et pourtant le père de mon ami d'enfance n'avait quasiment pas changé physiquement et je l'avais tout de suite reconnu. La femme à l'apparence relativement jeune et au joli visage arrive et me demande de l'annoncer auprès de son mari, le très gentil employé de bureau terne. Comme elle l'attend, je la vois mieux, elle est souriante et semble aimable également, comme il l'est, sa coupe de cheveux et la teinture artificielle qu'ils ont, blond très clair tirant sur le gris, ne sont pas très heureuses, et l'écharpe autour de son cou est un peu laide. Comme si elle s'était involontairement enlaidie pour rejoindre l'apparence plate de son époux, pour avoir davantage l'air d'une mère de famille que d'une épouse et une amante, et finalement plus qu'amante ou belle épouse, l'allure d'une grand-mère avant l'arrivée des petits-enfants. Il entre par l'ascenseur dans le hall où elle l'attend, elle avance vers lui et ils se saluent d'un baiser assez mécanique mais qui pourrait ne pas être là, et qui l'est. Ils partent vers leur soirée, un spectacle auquel assister pour fêter en couple le passage à la nouvelle année. Ils ont tous les deux d'aimables paroles et sourires pour me saluer, me souhaiter une bonne soirée de réveillon. Il est fort possible qu'ils soient toujours amoureux l'un de l'autre - ça ne se voit pas, ça se voit presque.
