dimanche 31 janvier 2010
80 : samedi 30 janvier 2010
samedi 30 janvier 2010
79 : vendredi 29 janvier 2010
Parfois l'envie nous venait de croire que nous étions liés aux vies qui nous avaient précédés dans ces pierres, et nous suivions la rue, maintenant à l'abri des lentes invasions du fleuve, pour nous installer, à quelques maisons de la nôtre, à une table de la fausse taverne, et nous mangions des salades ou sandwichs très décoratifs en regardant le pêcheur de bois mal équarri sous la canne duquel passaient les serveurs. Je prétendais qu'il provenait d'une brocante, et que la peinture qui s'écaillait sur son pantalon, et la rouille qui bordait la plaque « restaurant » qui lui tenait lieu de poisson, étaient coquetterie soigneusement dosée. Tu me faisais remarquer que la façade appelait une enseigne et qu'il s'en détachait avec naturel. Je le regardais avec une très outrée mine dubitative, la façade étant cousine de la notre. Nous nous disputions délicieusement, et le temps passait.
vendredi 29 janvier 2010
78 : jeudi 28 janvier 2010
jeudi 28 janvier 2010
77 : mercredi 27 janvier 2010
mercredi 27 janvier 2010
76 : mardi 26 janvier 2010
mardi 26 janvier 2010
75 : lundi 25 janvier 2010
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J'ai pu identifier deux raisons principales à ma curiosité pour les faits divers. Une assez classique bien que potentiellement honteuse sur le plan intellectuel, et une beaucoup moins ordinaire, plus honteuse certainement que la première, qui engage des défaillances plus mentales qu'intellectuelles. La première raison tient simplement à mon goût pour les anecdotes réelles, qui ne peut hélas exclure une probable fascination, mêlée de répugnance, pour le sordide. Je ne saurais tout à fait l'expliquer, ni beaucoup la défendre. Du point de vue de mes exigences intellectuelles, je condamne largement ma propre pente en cette direction. Mais il est vrai qu'en général, lorsqu'un événement véritable semble être tout droit sorti d'un roman noir, j'en suis assez réjoui, tout en étant épouvanté pour les victimes, s'il y en a - je pense que les lecteurs de romans policiers et les amateurs de films noirs, dont je suis, comprennent bien ceci. L'appellation de "faits divers" dit bien le statut quasi indigne de cette activité de presse, ce sont les articles et les brèves que les rédactions qui les traitent, celles de journaux que l'on soupçonne généralement de faible noblesse, fourrent là à défaut de leur trouver une catégorie bien identifiée, et correctement honorable. Ni politique, ni économique, ni culturelle, ni scientifique ni technologique, même pas sportive, même pas parmi les "faits de sociétés", autre catégorie au contenu plastique. La défaillance intellectuelle propre aux faits divers est très bien mise à jour lorsque l'on désigne des événements par le terme de "faits divers", sans référer pour autant à l'emplacement qui leur serait octroyé dans un journal, elle s'expose mieux encore lorsque l'on emploie l'expression au singulier, un "fait divers" - alors, c'est un peu comme si lors d'un déménagement, quelqu'un rangeait tout ce que contient son logement dans des cartons portant tous l'étiquette "choses". Toutefois, en l'absence de cette défaillance intellectuelle, de grandes œuvres littéraires et cinématographiques n'auraient jamais vu le jour, In cold Blood de Truman Capote par exemple. Bien que j'en ai annoncé l'existence, je ne dirai rien de l'autre raison de ma curiosité pour la rubrique des faits divers.
lundi 25 janvier 2010
74 : dimanche 24 janvier 2010
dimanche 24 janvier 2010
73 : samedi 23 janvier 2010
samedi 23 janvier 2010
72 : vendredi 22 janvier 2010
vendredi 22 janvier 2010
71 : jeudi 21 janvier 2010
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Ce que tu ne sais pas, c'est qu'à jouer comme ça comme nous le faisons, comme je crois que nous le faisons, pour toi ce n'est rien, ce n'est qu'une partie de plus d'un jeu que tu connais bien, celui qu'on pratique pour se faire la douceur de se sentir désiré, désirée, de se sentir plaire. Un jeu pour lequel la certaine aisance qui est la tienne t'a toujours un peu dérangée sûrement, remuée aussi, dont tu t'accomodes comme à regrets, mais un jeu pour toi qui est un territoire familier et un remède un peu nocif peut-être mais efficace aussi contre ton trop fréquent manque d'estime pour toi-même. Ce que tu ne sais pas, toi qui sait y faire et tellement mieux que moi, ce que tu ne sais pas, c'est ce que ce jeu met pour moi dans la balance. Un poids que nul ne peut porter, même moi, ma détresse de toute une vie je ne peux plus la porter. C'est pour ça qu'à mon âme défendante, je joue à ce jeu avec toi, mal mais j'y joue, non que je n'aurais voulu y jouer avec toi si je n'avais pas été à bout de moi-même, mais c'est qu'alors je me le serais interdit. C'est à cause de la lourdeur de ce poids que, peut-être, ce que je crois que tu ne sais pas se voit en fait très bien, parce que je le cache trop, le cache mal. Tu vois tout ce poids que je porte, que je n'en peux plus de porter, et ça te gâche le jeu, pour toi il faudra écourter la partie, prétendre qu'il n'y en a jamais eu. On ne joue pas à un jeu futile avec quelqu'un qui le joue comme moi, et même quand le fond de soi le prend au sérieux, on n'y joue pas avec quelqu'un qui y joue sa peau, et qui parce qu'il y joue sa peau la perdra en jouant. C'est ce que tu ne savais pas, puis as su peut-être, as senti sûrement, que quoi qu'il arrive de ce jeu, c'est qu'avec moi tu décides de mon salut ou de ma damnation. Tu sais, chez moi, toute cette gentillesse, toute cette culture amassée, c'est pour ça, se sauver de la damnation et quérir le salut. C'était pour ça cette dépense, c'est-à-dire ce n'était pour rien : un puceau de plus de trente-cinq ans, qu'est-ce que tu dis de ça ? On ne dépucelle un puceau de plus de trente-cinq ans qu'à être aussi désespérément éperdue que lui. Il ne faut pas que tu te fasses ça, ne te fais pas ça. Fuis, je ne t'en voudrai pas. Fuis, je pourrais te donner tout l'amour que je crève de ne pas pouvoir donner. Fuis je t'en prie, tu me touches tant.
jeudi 21 janvier 2010
70 : mercredi 20 janvier 2010
mercredi 20 janvier 2010
69 : mardi 19 janvier 2010
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Su-per ! Su-per ! (8) J'avais complètement tourné la page de toute cette affaire de Jeu des mille euros, et même, après plusieurs années sans Pierrot, même à lui je n'y pensais plus. Il me revenait bien des souvenirs de lui de temps en temps, après tout ce qu'on avait vécu ensemble, c'est normal, il a quand même été mon meilleur pote pendant bien quinze ans, Pierrot. Mais ces souvenirs qui me revenaient n'étaient pas ceux de notre dernière aventure, tout le tralala d'Étival-lès-le-Mans, de son oncle adjoint au maire d'Allonnes dans la Sarthe et du Jeu des mille euros. Non, les souvenirs qui remontaient, même si pas souvent, c'étaient des souvenirs heureux, de l'époque de la fac, des soirées passées ensemble jusqu'au petit matin à se raconter qu'on deviendrait chercheur ou écrivain. Mais d'y repenser, ils étaient quand même entachés d'une certaine tristesse, ces souvenirs, sûrement dûe à ce que mon cerveau savait bien comment elle s'était terminée, cette amitié, même si ma mémoire n'allait pas jusqu'à faire revenir ces images et ces pensées là, celles de la fin. Donc, plusieurs années étaient passées, de surveillant d'expo j'étais passé au service administratif du musée, je n'étais définitivement pas devenu chercheur, ni écrivain, et même, je ne comptais plus faire usage de ma culture générale autrement que pour les parties de Trivial Pursuit. Je n'écoutais plus jamais France Inter le midi, sans me rendre compte que c'était pour ne surtout pas tomber sur le Jeu des mille euros, parce que c'était pour ça en fait. J'écoutais Europe 1 à la place, et de toute façon Europe 1, c'est plus raccord avec mes nouvelles ambitions intellectuelles, enfin je dis ça, c'est pas très sympa pour les gens qui écoutent Europe 1, c'est pas pour dire du mal, et d'ailleurs c'est valable pour moi aussi. Et puis un beau jour, je lis un article dans Ouest-France, aux pages régionales, où il est question d'une histoire présentée par le journaliste comme un peu romanesque, rocambolesque, sur la campagne qui débute pour les élections municipales à Allonnes, la ville dans laquelle le fameux oncle anciennement préféré de Pierrot était conseiller municipal. Ce dont il était question dans l'article, et sans quoi il n'y aurait même pas eu d'article, c'était d'une lettre surprenante et mystérieuse de M. Daniel Jeanlouis, conseiller municipal Nouveau Centre d'Allonnes, ancien candidat Nouveau Centre aux législatives dans sa circonscription de la Sarthe, et depuis quelques mois officiellement promu tête de liste sur celle de la droite unifiée, Nouveau Centre et UMP, pour les élections municipales à Allonnes. Une lettre de l'oncle de Pierrot, quoi, dont j'ai alors découvert le prénom, alors que par contre je me souvenais très bien que la mère de Pierrot s'appellait Jeanlouis avant de se marier. La lettre de l'oncle disait qu'il décidait sollennellement, après mûre et sereine réflexion, d'abandonner tous ses mandats et toutes ses candidatures, et que d'ailleurs il avait déjà définitivement quitté le pays pour une destination qu'il voulait garder secrète et où il referait sa vie. Dans la lettre, l'oncle de Pierrot indiquait qu'il avait désigné une personne de confiance, un certain Guillaume Chevrot, pour prendre sa suite à tous ses postes comme élu et candidat. La lettre finissait en priant toutes les personnes et institutions responsables de bien vouloir officiellement valider l'intronisation de ce gars Guillaume Chevrot à toutes les places de Daniel Jeanlouis. Bien sûr, tout le monde à Allonnes criait au scandale, à la mascarade, l'opposition de droite qui en appellait à l'autorité des partis légitimes, la majorité de gauche qui se frottait les mains. On disait que ça n'avait aucun sens et que déjà rien ne garantissait qu'il s'agisse bien d'une lettre de Daniel Jeanlouis, qu'elle pouvait tout aussi bien être un faux signé par un usurpateur et pas par le vrai conseiller municipal Jeanlouis, vu que celui-ci ne venait pas en personne garantir sa véridicité. Alors, bien sûr, le fameux Guillaume Chevrot s'est présenté, et bien sûr il a complètement confirmé le message de la lettre, il a assuré qu'elle était authentique et a déclaré qu'il était un intime de Daniel Jeanlouis, en quelque sorte son fils spirituel, textuellement d'après le journal, et enfin qu'au nom de ce que tous à Allonnes devaient à l'illustre figure politique locale, il leur demandait humblement de lui faire confiance, et d'accéder aux recommandations et requêtes de l'homme, Daniel Jeanlouis. Ouest-France illustrait l'article d'une photo couleur de ce gars venu de nulle part, un mec la trentaine coiffé bien propre la raie sur le côté, en costume avec veste à huit boutons, style RPR de la grande époque à la Didier Schuller, et puis un visage que je connais par cœur, celui que portait mon meilleur pote pendant quinze ans.