dimanche 5 décembre 2010

387 : samedi 4 décembre 2010

Un sentiment d’amertume assaillait Léon chaque fois qu’il évoquait ses camarades de classe le poursuivant dans la cour de l’école primaire et le traitant de nabot.

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Regard d’enfant Elle s’est construite avec le vent, la pluie, la neige, les sentiers au milieu des mélèzes, le ciel d’un bleu profond ou tout à coup chargé de gros nuages sur lesquels s’imprégnaient ses rêves, les nuits étoilées, l’eau glacée des torrents de montagne, les fleurs multicolores au printemps, le sifflement des marmottes, le soleil brûlant qui desséchait ses lèvres et sa peau de fillette vagabonde. Elle se souvient des longues marches, de ses pieds qui lui faisaient mal, de la vieille luge en bois, de ses chutes à ski dans la poudreuse, du bol de chocolat fumant en fin de journée, de la vieille marchande de bonbons, des glissades sous le préau de son école, des films de Charlie Chaplin, des goûters de Noël - l’odeur des mandarines, le papier froissé des papillotes - des fêtes de carnaval où tous les enfants parcouraient les rues déguisés, des cristaux de neige sur les vitres, des éclipses de soleil observées au travers d’une plaque de verre noircie à la bougie. Elle sent encore l’odeur du bois dans le poêle, la chaleur des briques au fond de son lit, elle revoit les cartes de géographie tracées à la main sur le mur de la cuisine. Elle entend le violoncelle, le piano, l’alto ou le violon, la musique qui remplissait tout à coup la grande maison. Elle épingle chaque souvenir à son cœur. Pour ne rien oublier de ses découvertes, pour retrouver son émerveillement, son empressement à se réjouir de petites choses simples, son innocence, son sourire, son désir de vivre.