« … c’est pour ça que j’étais dans l’imprimerie, c’était moins gigantesque qu’une fonderie, mais les premiers jours, c’est quand même impressionnant de naviguer, dans ce bruit, entre ces rouleaux de papier géants. Je me suis pris à aimer ce métier, et je suis monté en grade. J’ai fini contremaître. Fini, c’est bien ça. Parce que ce que je n’avais pas prévu, ce que personne dans la boîte n’avait prévu, c’était l’arrivée du numérique. Très vite, on a été obsolète. L’imprimerie a fermé. Moi, j’ai bien cherché à me recycler, mais comme je n’étais pas formé aux nouvelles technologies, j’étais inemployable. Alors voilà, du jour au lendemain, moi qui avais toujours trimé comme une bête, plus de boulot. J’étais à la maison, comme une âme en peine, je ne voulais pas passer ma journée au bistrot, alors je regardais la télé. Au début, ma femme étais compatissante, elle était parfaite. Elle a toujours été parfaite. Pour la petite, pour la bouffe, le ménage. Pour ça, c’est sûr, je pouvais m’estimer heureux… »