« C’est comme moi, répliqua Léon ; quelle meilleure chose, en effet que d’être le soir au coin du feu, avec une bonne pizza et un coup de rouge ? »
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C’était la fiction de la journée de la veille vécue aujourd’hui sous forme vaporeuse, corps spectateur pensées égarées, mains obéissantes sous la dictée inaudible, le néant de son poids affaissant, insensible, les épaules.
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Le vent siffle dans les arbres aux bras décharnés. La pleine lune peine à renvoyer sa lumière à travers les lourds nuages qui traversent rapidement le ciel. C'est soir de tempête, c'est une nuit mauvaise. De ses doigts tremblants, tante Jeanne gratte une allumette sous la casserole. Le gaz lance des flammes bleues et réchauffe la soupe d'oncle Phil. Ses sorties varient en fonction des marées. Le temps d'amarrer, de décharger à la coopérative et de faire peser et évaluer ses prises, il ne devrait plus tarder. Pour une fois, il n'affrontera pas la tempête en mer, simplement en voiture sur le chemin du retour. Tante Jeanne l'attendra au coin de la gazinière, sa cuillère en bois remuant doucement le souper.