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La protection de la beauté par la laideur (15) Regarder des images des bâtiments de la zone détruisait aussi les bâtiments eux-mêmes, si ceux-ci existaient toujours. Ceci avait été une justification supplémentaire, mais finalement secondaire, du maintien de la politique des couvercles de protection monochromatiques, plutôt que de caches reproduisant à l’échelle 1/1 les façades des bâtiments qu’ils recouvraient. Il avait donc fallu interdire et détruire toutes les images représentant les bâtiments de la zone quand ils étaient encore visibles. Cette chasse aux images avaient été menée avec efficacité auprès des usagers de la zone eux-mêmes, les autorités territoriales s’étant accordé d’importants moyens et toute légitimité pour intervenir directement auprès de cette population. La tâche de faire disparaître les images visibles hors de la zone et jusque dans le monde entier était infiniment plus ardue. Des accords avaient été passés avec certains États, qui travaillaient à cette disparition d’images sur leurs propres juridictions, mais sans employer le même zèle que les autorités territoriales de la zone, qui expérimentaient explicitement un nouveau type de pouvoir. Le problème le plus aigu concernait l’ancien palais des chanoines, joyau architectural du quartier et qu’à ce titre il fallait protéger plus que toute autre construction, qui bénéficiait d’une certaine notoriété en raison de la place honorable qu’il occupait dans l’histoire de l’architecture gothique internationale, et dont de nombreuses photographies avaient été reproduites et diffusées dans le monde entier.