samedi 2 octobre 2010

324 : vendredi 1er octobre 2010

Dans l’ouverture de la mélancolie, prendre quelqu’un dans ses bras et se faire prendre dans les siens pour trouver la consolation, dans cette proximité bienveillante des corps, ce rapport charnel d’amour sans sexe, qui est peut-être le véritable lien fraternel, paternel, maternel, le véritable rapport par lequel deux humains se reconnaissent, et se savent de la même famille sans que le sang ait le moindre rôle à y jouer, frères et sœurs humains qui avec nous vivez, pitié l’un de l’autre ayons. Prendre quelqu’un dans ses bras, dans un marché de dupes plein d’espoirs sincères et mal crus, si au fond sans qu’on l’admette la fraternité ne s’y trouve que par des apparences, ou s’y l’espoir de plus troubles amours et de plus folles attentes de salut s’étaient glissées sous les ongles et sous les apparences, et montrer tant qu’on peut mais en vain combien on se sent capable d’être aimant infiniment, se faire dire qu’il n’est pas besoin de le montrer, que ce n’est pas ainsi que quoi que ce soit pourrait fonctionner, qu’il n’y a rien à faire, et s’entendre répondre que sans ceci il ne se passe rien, qu’un élan né du besoin avait alors ainsi poussé dans l’abattement et que tout en bas de soi on avait cru voir des bras qui nous auraient recueillis dans l’amour donné, bon comme le meilleur pain sans qu’on n’en manque jamais plus, sans qu’on n’en perde le goût ni l’appétit jamais, les bras à qui on aurait la même manne, la même monnaie d’or. Comprendre cette fois, cette fois-ci à nouveau, que le salut n’est pas davantage ici, et que l’amour ne peut rien à l’amour, que l’amour et l’amour n’ont rien à voir l’un avec l’autre. L’oublier, heureusement, nécessairement, repartir aussi bête aussitôt la tristesse dissipée.