Au 25 de la rue Rousselet, dans le septième arrondissement de Paris se trouve un immeuble où mourut en 1889 le romancier, essayiste, critique et polémiste Jules Barbey d'Aurevilly. Quatre-vingt années auparavant, il était né Normand, de même que Gustave Flaubert qui ne l'aimait guère et que Guy de Maupassant qui ne le trouvait pas sans valeur. Paul Verlaine, quant à lui né Lorrain, rapporte que Victor Hugo, né Franc-Comtois, peut-être par rancune envers une critique peu amène de Barbey à son endroit, l'aurait désigné par l'alexandrin "Barbey d'Aurevilly, formidable imbécile !". L'immeuble de la rue Rousselet est un bâtiment bourgeois ordinaire et discret, sa porte cochère donne sur une cour intérieure pavée. Quelques plantes grimpantes courent sur les murs, un psychiatre comportementaliste y a son cabinet au rez-de-chaussée, la concierge a placardé une affichette pour interdire aux fumeurs de laisser traîner leurs mégots au sol. Dans ce quartier proche de Montparnasse que les taxis parisiens appelleraient plus tard, paraît-il, le "Vatican", en raison du nombre important d'églises, de couvents et d'institutions religieuses qui s'y concentrent, Barbey écrivit de larges parts des Œuvres et les hommes, et tint salon chez lui les dimanches, recevant les alors jeunes Léon Bloy (son voisin d'en face), Joris-Karl Huysmans et Joséphin "Sâr" Péladan, de brillantes plumes mystiques ou politiquement conservatrices, voire les deux, comme l'était leur hôte dominical et bientôt défunt.