Le phénomène demeurait inexpliqué et son origine inconnue. Rien de tel ni d'approchant n'avait jamais été observé, du moins aucune description comparable n'était connue dans la littérature et les archives. Un jour l'air est devenu "thermographique" comme le dirent les scientifiques qui échouaient à trouver la moindre piste pour comprendre ou expliquer cette anomalie. On a commencé à observer le phénomène le mardi 11 mai 2010 à Topeka, dans le Kansas, vers 10h30 du matin, heure locale. Toutes les sources de chaleur, artificielles et naturelles, supérieures à 15 degrés Celsius - 59 degrés Farenheit - ont commencé a laisser une trace lumineuse dans l'air, comme si l'air était devenu une plaque photosensible, ou plutôt une rétine, car ces traces disparaissent progressivement, dans les quelques minutes suivant la fin de l'exposition à la chaleur. La faible lumière constituant les traces est légèrement orangée, elle est nettement perceptible à l'œil nu, inodore et totalement insensible au toucher. Si la source de chaleur est immobile, sa forme lumineuse sera très nettement délimitée et entourée d'un menu halo accompagnant la propagation de l'air chaud. Si la source de chaleur est mobile, sa forme lumineuse ne sera que la trace de son trajet dans l'espace. En recueillant les témoignages pendant les journées qui virent l'anomalie apparaître, on constate que le phénomène s'est d'abord étendu vers l'ouest, puis s'est étendu en toutes direction depuis un centre élargi recouvrant la quasi-totalité du Kansas, ainsi que le sud du Nebraska et le nord de l'Oklahoma. Vers 17 heures, heure locale, le phénomène avait atteint le golfe du Mexique, aux environs de la frontière commune au Texas et à la Louisiane. La côte californienne et la métropole new-yorkaise furent rejointes vers 19 heures, ce qui indiquait déjà une accélération de la propagation. Parmi les réactions de la population, il y un eut un certain émerveillement, du type de ceux qui accompagnent les aurores boréales, il y eut surtout une grande inquiétude devant l'anormalité du phénomène, et sa possible dangerosité. Des hypothèses furent immédiatement émises, phénomène chimique, tellurique, cosmique, d'origine humaine, naturelle, extraterrestre. À ce jour, les scientifiques n'ont pu écarter aucune de ces hypothèses. Le mercredi 12 mai 2010, l'Europe occidentale fut touchée en cours de matinée, heure locale, et l'Asie orientale à son tour en fin d'après-midi, heure locale. Toute la surface du globe était atteinte le jeudi 13 mai 2010. Comme, plusieurs années après, le phénomène subsiste toujours et qu'on ne lui a pas jusqu'à présent constaté de dangerosité particulière, les inquiétudes de la population mondiale sont dans l'ensemble retombées - même s'il demeure des communautés de millénaristes - et une nouvelle normalité visuelle commence à se constituer. Hormis le besoin bien plus important qu'auparavant de masques oculaires opaques pour les moments de sommeil, les usages et pratiques quotidiennes des humains n'ont pas été directement bouleversés par le phénomène. Ils le furent indirectement cependant, car de nombreux écosystèmes furent profondément modifiés en raison de l'altération du comportement de certaines espèces d'animaux particulièrement sensibles à cette nouvelle réalité lumineuse.