Au lieu des quelques heures espérées, ce furent trois journées interminables qu'il leur fallut pour trouver une embarcation. En arrivant dans le village, ils avaient interrogé quelques personnes au sujet d'un canot ou d'une barque qu'on voudrait bien leur vendre, et ce fut un premier échec, qu'ils avaient un peu prévu. Avant la tombée de la nuit, ils avaient longé la berge du canal, avaient vu quelques petits bateaux et eurent l'espoir d'en trouver les propriétaires le lendemain, afin de leur en proposer l'achat. Il avait prévu beaucoup d'argent pour cette transaction, de façon à facilement convaincre le vendeur, auquel une marché très avantageux serait proposé. Se loger n'avait par contre pas présenté de difficulté, et ils trouvèrent à louer un lieu où dormir, se laver et manger, auprès d'une des personnes qu'ils interrogèrent au sujet d'un bateau. Dans l'aile inoccupée d'une maison, à l'autre extrémité de laquelle logeait l'homme qui les accueillait, ils pouvaient rester autant de nuits qu'ils souhaiteraient en payer. Le village n'était pas vide, ils avaient même rencontré plusieurs personnes dans les rues, croisé leurs regards surpris et vigilants, cependant les maisons vides étaient les plus nombreuses et celles qui étaient toujours habitées présentaient fermés la plupart de leurs volets, dès avant la nuit. Les difficultés commencèrent réellement le lendemain, quand ils ne trouvèrent aucun propriétaire de bateau. Le lendemain ne fut pas plus fructueux, il leur semblait que la situation s'aggravait, car on ne voulait pas leur dire où étaient les propriétaires des bateaux, qui ils étaient ou comment les joindre. Une hostilité rentrée leur était opposée qu'ils ne comprenaient pas. Plus le temps passait, plus il était difficile pour Caroline de ne pas revenir sur son acceptation passive d'entreprendre le voyage - alors qu'ils disposaient encore de la voiture, qu'ils pouvaient repartir chez eux et tâcher de trouver une meilleure solution. Il était totalement convaincu qu'il n'y avait pas de meilleure solution, pas d'autre, aussi son aplomb parvenait à convaincre Caroline quand elle cédait à nouveau au désespoir. Au cours de la troisième après-midi dans le village, il se résolurent à déjà faire usage des outils qu'ils avaient apportés avec eux, pour voler un des bateaux à la nuit tombée, et partir ainsi. Ils avaient d'abord exclu d'effectuer la traversée de nuit, ainsi que d'accomplir des actes délictueux, mais c'était le dernier recours qu'ils purent trouver.