Le député Grignou prend la parole : « Merci Monsieur le Président. Mes chers collègues, ma question s'adresse à Monsieur le Premier Ministre. Monsieur le Premier Ministre, le décret daté du 19 juin 2008, s'appuyant sur les travaux publiés par le 2ISD (Institut International de Spatio-Démographie), instaure une surface habitable de 17 m² maximum par habitant. Si, comme les études les plus récentes semblent le confirmer, la population dépasse les 9 milliards d'habitants d'ici 2050, l'application de cette mesure permettra peut-être de préserver une bonne partie du patrimoine désertique mondial tout en limitant les risques de conflits induits par la pénurie d'espace. Si tant est que le décret soit accompagné d'une véritable volonté politique. Car chaque nuit, dans le désert de la Creuse et ailleurs, c'est par centaines que les baraquements de fortune s'installent, grignotant sans répit les terres protégées. Avec un professionnalisme remarquable mais sans moyens véritables, nos douaniers parviennent tant bien que mal à repousser les colons. En revanche, dans l'état actuel des choses, il leur est impossible de travailler plus vite que les convois de nouveaux arrivants qui, parfois à cinq cents mètres à peine des opérations de démantèlement, s'activent pour élever encore et toujours de nouveaux logements provisoires. Ma question est donc la suivante : le gouvernement va-t-il enfin prendre la juste mesure du problème qui gangrène notre pays ? Quand va-t-il se décider à mettre en place les moyens financiers et humains nécessaires à une politique de désertification efficace ? Je vous remercie, monsieur le premier ministre, de bien vouloir faire une réponse aussi précise que ma question est concise. »
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Ils trouvèrent sans peine les bâtiments qu'ils avaient repérés sur les cartes avant de débarquer. Des granges ou des maisons placées à bonne distance de la ville, éparpillées autour d'elle mais depuis lesquelles on pouvait fondre sur la cité, au pas de charge y être en quelques minutes, les troupes jaillies de toutes parts depuis tout alentour pour l'attaque de l'infanterie. D'abord, ils avaient dû prendre leur position, c'est à dire se poster dans les différentes bâtisses qui leur avaient été désignées, un poste pour chaque escouade. Il faudrait au besoin neutraliser les occupants des lieux à prendre et s'assurer qu'ils ne s'enfuiraient pas avant le début de l'attaque. Ensuite, attendre l'offensive aérienne qui devait frapper au cœur de la ville, détruire des infrastructures décisives et semer la panique dans la population. Puis l'attaque d'infanterie. Le dense réseau de canaux qui parcourt la ville rendrait un peu plus difficile la progression des fantassins, mais ils comptaient sur la stupeur des habitants pour qu'aucune résistance conséquente ne leur soit opposée. Une rapide reddition générale n'était pas exclure dans une ville marginale et assoupie d'un pays qui ne se savait pas menacé par la moindre attaque militaire. L'enjeu principal de la prise de cette ville était la démonstration de force et la formulation la plus brutale possible d'une déclaration de guerre.
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Laisser tomber. Ne pas attendre qu'elle revienne de la cuisine. Réaliser ton erreur. Sortir sans bruit de l'appartement. Te rendre compte que ça n'a pas de sens. Marcher sans traîner jusqu'à la gare. Quitter cette ville par le premier train. Arrêter de croire qu'elle est la même qu'il y a dix ans. Achever de te convaincre que tu n'es pas le même qu'il y a dix ans. Comprendre que ce que tu trouvais encore troublant en elle, ce que tu pensais trouver tel, n'était construit que sur des souvenirs. Accepter de tourner la page, enfin, et pour ton plus grand bien. Rentrer chez toi. Rappeler Maud, la revoir. Assumer ce que tu prenais seulement pour de la concupiscence envers elle. Vivre libéré, vivre heureux. "Excuse-moi, ce sera bientôt prêt!" "─ Ça sent très bon en tout cas".