Elle se rassure en faisant les vitres, en classant ses stylos par ordre de taille et de couleur dans ses tiroirs et en triant méthodiquement ses médicaments. Il y a l'usage, la forme de la boîte, les dates de péremptions à surveiller. Elle chasse la poussière de chez elle sans parvenir à se débarrasser de ses angoisses, son sommeil n'est jamais léger. Elle se réveille souvent inquiète et fatiguée et fuit son deux pièces pour aller mettre en place des process chèrement payés par des grosses boîtes craignant l'avenir, la compétition, le marché, les actionnaires et leurs propres salariés. Toute la journée elle rassure, assure, assène, gère. Elle rentre le soir et s'enroule à nouveau d'une tristesse solitaire qui la pousse à cuisiner, ranger, nettoyer, jusqu'à ce qu'enfin la nuit impose à son corps une immobilité fugace.
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C’était souvent ainsi avec les faits divers : les journaux avaient pendant quelques jours évoqué la mystérieuse disparition d’Albertine, puis l’enquête piétinant, n’en avait bientôt plus rien dit…