mercredi 11 mai 2011

544 : mardi 10 mai 2011

Peu importait à Léon que muscadet comme muscadin ne puissent s’envisager que jeunes.

---------------------


C’était respirer en se pinçant le nez une idée coûteuse du marketing, mais vendeuse sur le moment, promettait-on, à vite développer avant la fin du mois et intégrer aussi vite ; qu’il faudrait sans doute ôter proprement, sans laisser de trace, dans six mois.


---------------------


La voiture avance en hésitant sur le chemin caillouteux. Eugène retrousse ses manches à côté du conducteur, les yeux plissés face au soleil et tâchant de discerner les champs à travers poussière volant au dessus des blés. C'est qu'il faudrait qu'il pleuve, n'en déplaise aux touristes.


---------------------


Le vieil homme a traversé la rue sans regarder. Heureusement pour lui, à cette heure matinale, seul un cycliste roulait sur la chaussée, tranquille, en sifflotant. Il a fait un petit écart, puis a continué son chemin. Le vieil homme, tout de même un peu secoué par son imprudence, en a lâché le dossier qu’il avait sous le bras. Des centaines de feuilles se sont envolées, se répandant sur le trottoir, dans les caniveaux, sur le bitume, tourbillonnant jusqu’aux devantures des magasins. Ce matin là, c’était drôle de voir chaque passant s’arrêter, se courber pour ramasser un feuillet, continuer d’avancer tout en déchiffrant son texte. On aurait dit un ballet, tant les gestes étaient précis et répétitifs, les attitudes similaires, la concentration exemplaire ! Quelques exclamations fusaient. Notre vieil homme, lui, était tout à la fois désolé et souriant. « Cela fait vingt ans que j’écris ces poèmes, personne n’en a jamais voulu ! Regardez, ils les lisent ! », nous a-t-il confié, presque guilleret. Le boulanger lui a offert un croissant, l’a aidé à ramasser les textes éparpillés, et à la plus grande joie du petit homme, les a affichés au bas de sa vitrine. Parfois, dans cette ville, souffle un vent nouveau qui met en joie ceux qui se lèvent tôt.