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L'école se trouve dans le village, au milieu de la cocoteraie. Pour y aller, je prends le sentier qui traverse la plantation dans sa longueur. Il est bordé de plusieurs rangées de cocotiers. Je ne vois pas l'océan, mais je l'entends. Je n'aime pas cela. L'océan peut déferler brusquement, quand il y a des bourrasques. J'apprends à l'école que l'altitude du territoire est peu élevée, qu'elle se réduit avec l'érosion, que la cocoteraie a été plantée pour en limiter les effets...
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Dans la somptueuse (comme je n'en avais jamais vue) salle à manger de ce grand hôtel de ville thermale du Sud-Ouest, les jambons eux-mêmes se donnent en spectacle. Ils arrivent à table cérémonieusement roulés en carrosse alors qu'ils ont conservé leurs pieds - et jusqu'à leurs ongles de pieds me semble-t-il. Ils pourraient donc très bien circuler de table à table par leurs propres moyens, sur leurs deux jambes, comme vous et moi.
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Il avait dans le regard cette tristesse légère, cet ennui tendre qui voile et dévoile à nos yeux les garçons romantiques. Je m’y risquais davantage, tandis que je m’écoutais parler, avec un désir sans doute un peu trop vif. Il baissa vers la table une sorte de gêne adorable, comme effarouché par autant de perspicacité…
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Madame Evrard claque le tiroir d'un mouvement sec. Remonte ses lunettes sur son nez, essuie la sueur sur son front en agitant un doigt vers les boutons dysfonctionnants de son ventilateur. Ses cheveux grisonnants s'échappent malgré elle du chouchou en velours noir sensé les retenir, ses yeux bleus délavés fixent les papiers épars sur son bureau. Elle essaye de calmer sa respiration énervée avant de les lever sur son interlocutrice. Une petite greluchonne nerveuse au regard fuyant. Yeux et cheveux sombre, peau trop blanche, un peu d'acnée sur les joues. Madame Evrard soupire. Elle était en vacances lorsque cette embauche a eu lieu. Avec son travail à la RH, elle va de surprises en surprises concernant l'inventivité des salariés de l'entreprise... Elle enlève ses lunettes, ses palpitations se sont calmées. "Mademoiselle, les varices sur le dos ça n'existe pas. Si vous voulez regarder le mariage du Prince William demain, posez un RTT".
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Voilà, ça y était, le jour du mariage de son père à Bouzillé était arrivé. Elle avait bien reçu le faire-part et son invitation au restaurant Beauregret. Comme c’était étrange et fidèle à la conduite de cet homme qui la ballotait entre amour et haine depuis des décennies. Elle n’irait pas à Bouzillé et se contenterait de la cérémonie du mariage civil à Ancenis, à quelques kilomètres de là. Elle ne connaissait pas la mariée, ses frères avaient refusé d’assister au mariage, ses cousines n’avaient pas été invitées. Elle craignait en revanche d’affronter sa grand-mère qui ne manquerait pas de lui adresser une remarque cinglante, comme à chacune de leur rencontre. Elle savait néanmoins que son père serait dans ses petits souliers après qu’elle ait répondu au faire-part : “Compte sur moi pour tout Bouzillé !”. Cette pensée la réconforta un peu. Elle ne put s’empêcher de sourire en imaginant la tête de son père lisant cette phrase sur la carte postale qu’elle lui avait symboliquement envoyée de la ville d’Aveux. Elle avait fait le voyage exprès jusque dans les Hautes-Pyrénées, pour que le cachet de la poste fasse foi : “Aveux - 20/12/10”.
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Milly s’était légèrement éloigné du bord de la route, et accoudé à la clôture en bois luisante d’humidité. Il entendait et sentait les gouttes de pluie s’abattre sur son chapeau. Le ciel était chargé, d’un gris sombre que seules quelques légères craquelures zébraient d’une couleur blanche, lumineuse, qui lui semblait comme chargée d’une énergie, d’une force s’appliquant à démanteler les lourds nuages gorgés d’eau. Ce ciel si bas, lentement mobile, semblait se poser peu à peu sur le champ lui faisant face, recouvert d’une herbe printanière puissamment verte, luxuriante. Et en son centre, ce cheval magnifique, impassible sous la pluie tombante; se baissant pour arracher quelques touffes d’herbe, relevant la tête puis mastiquant les naseaux au vent, manège sans cesse répété. La pluie s’abattait sur son dos, sur ses flancs, les gouttes éclatant et s’élevant à quelques centimètres de sa croupe, puis retombées et s’étalant, dégoulinant le long de ses pattes. Au loin, le grondement d’un orage. Ce spectacle fascinait, hypnotisait Milly. Ce ciel, ces grondements lointains, cette pluie (silence habité), cette barrière trempée et ce cheval: sans pouvoir préciser cette sensation, il percevait que se passait là quelque chose d’important, de vrai, de fondamental. Il habitait une solitude infinie et merveilleuse. « Ils sont en retard » se dit-il enfin comme pour se rappeler à lui-même, surpris par sa propre remarque.