samedi 14 mai 2011

547 : vendredi 13 mai 2011

Fiche personnage : inscrire Léon dans l’Histoire en amenant (subtilement !) que sa date de naissance fait écho à la convocation des États généraux…


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Alors, ça roule ma poule qu'il balance à David avec une tape sur l’omoplate. Son sourire découvre des dents particulièrement écartées. David se crispe, il ne va pas remettre ça, qu’est-ce qu’il croit, qu'y a un problème, de quoi je me mêle, c’est quoi cet air de ne pas y toucher et de surveiller, cette expression emplumée, comme s'il supposait que j'assure pas. Jusqu’à preuve du contraire, personne n’a jamais eu à se plaindre de ma façon de faire, alors que l'autre, je veux pas dire mais ça risque de péter un de ces jours, alors qu'avec lui, c’est toujours à l’arrache, de la casse, du ni fait ni à faire un dessin, après son passage c'est le Bronx à tous les coups. C’est mieux quand ça roule, comme il dit, que ses méthodes démantibulées et compagnie... David se lève et sort de la salle de contrôle.


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C’était se taire pour essayer de tirer profit du silence des autres.

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Elle regarde à travers la vitre du café. Sa main suit la pluie, les gouttes descendent nonchalamment la paroi froide et reflètent chacune une parcelle de lumière blanche qui illuminent ses yeux. Elle retrouve son enfance. Lors des trajets breton, au fond de la voiture, son visage se collait à la fenêtre et elle regardait la danse de l'eau chassée par la vitesse de l'engin, une 205 un peu cabossée dont le volant vibrait entre 90 et 120km/h mais se calmait immédiatement à 140. A l'époque, les radars n'existaient pas, les grands géraient les détails de sa vie, elle n'avait qu'à être sans songer à demain. Elle n'avait qu'à rester immobile dans la voiture de ses parents qui filait sur la route, qui partait d'un endroit pour l'emmener à un autre tandis qu'elle posait son regard sur le paysage flou et rêvassait. Aujourd'hui elle est assise et elle attend, les yeux dans la pluie blanche, les doigts sur la vitre, elle est à l'intérieur et sa vie s'est figée, elle respire, un deux trois, parfois c'est bien, de rester immobile, de reprendre son souffle avant de repartir. La pluie s'arrête, elle tend son visage vers le soleil, inspire longuement puis se lève pour payer l'addition.


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Elle réalise que sa tristesse est une sorte de barricade qu’elle ne peut détruire tant son désarroi est grand face à l’immense inventivité destructrice de l’homme. Malgré tout, elle continue d’aimer la vie, les hommes, elle ne peut concevoir qu’ils poursuivent inlassablement leur travail de sape, elle se prend même à rêver à un autre monde, différent, dans lequel chaque peuple serait reconnu, respecté, apprécié pour ses différences. Un monde dans lequel voyager librement, à la rencontre des plus simples, ceux qui ne demandent rien d’autre que de pouvoir vivre en paix. Un monde où le langage serait partage, où tout commerce serait banni. Elle récuse toute suprématie, tout pouvoir, tout jugement à ces nations soi-disant évoluées…A quoi cela mène-t-il sinon au mépris, à l’ignorance, à la traîtrise, à la violence, aux massacres, à la destruction ? Comment ne pas en avoir la nausée ? Et pourtant, partout dans ce monde, des individus se démènent pour redonner espoir, pour clamer leur révolte, pour défendre le droit de penser librement, de vivre, de créer… Ceux-là nous réchauffent le cœur, nous rendent le sourire, effacent pour un temps les champs de ruine.