De nouveau passé la soirée au Blue Moon Bar ; toujours autant attiré par Priscilla mais de plus en plus de mal à la suivre : cette façon qu’elle a eu de balancer mon pastis dans l’évier au motif qu’un chien jaune venait d’entrer tout seul dans la salle (toujours son obsession quant aux signes du destin !), et tout son délire sur cette histoire d’empoisonnement à laquelle je n’ai strictement rien compris ; du coup ai bu un mauvais whisky qui m’a filé des aigreurs d’estomac une bonne partie de la nuit…
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Reprendre - il n'y a rien à construire. À l'état brut tout s'altère à longueur de temps. Je reprise. Je raccommode. Rapiécer ce qui reste. Réparer, recycler. C'est une méthode simple et inévitable. Je recueille d'abord les morceaux éparpillés, les parties éparses. C'est une phase importante de concentration, il faut être alerte, il faut être calme et vide pour laisser se produire un certain recours à la mémoire qui est souvent long, parfois violent et ensuite eh bien ensuite je compte - je pèse, j'estime, je récapitule. Ensuite c'est comme un genre de puzzle. Mais avant cela j'affronte. J'illumine les zones occultes. Il y a alors une pause un temps d'adaptation. Ensuite ce sont des rangements, des classements, des montages, des agencements. Ils me préservent des absences, de la fascination du vide. Un tas de choses dans ma vie s'étaient perdues coupées détachées. J'avais vécu à mon insu dans une sorte culte du schisme.