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Madonelles des carrefours Toujours à Rome par mille voies les ragazzi sur liberty les enfants du tramway graffité toute la famille sainte des faubourgs à Saint-Jean de Latran à la Garbatella de Cinecittà aussi ou bien venus de via Portuense ou d’Appia Nuova descendent le Janicule remontent du Village olympique coupent Nazionale évitent le Corso Vittorio Emmanuele puis encore de toutes les places aux marchands de glaces et hors les murs antiques de même sous l’arc mineur du Felice devant Porta Pia à Termini à Termini surtout où s’en vont tu sais les trains-fuseaux de l’Annonciation qui vont tisser tu sais la prière des Palais des églises l’obéissance de la ville-monde Empire conquis par virtù et fortuna papales à ton culte Ô Madone et tu entends que bruissent doucement de piété éclectique toutes les ruches les fontaines les arcades les routes les esplanades les tertres et les croisements les croisements surtout qui sont les signes légués à Rome par ton enfant le Christ des ragazzi sur liberty ces enfants électriques qui aiment pardessus tout tes carrefours où sonnent les cloches de tramways et qui font signer en croix tu sais leurs engins devant ta Représentation devant tous les petits tabernacles des murs de Rome niches de béton et renfoncements autels de bitume et lavis des crépis statuettes bleues sur ocre aux frontons Ô Madone multipliée en autant de madonelles des carrefours des pattes-d’oie des tracés rectilignes d’Urbain et de Sixte et de l’Esprit nouveau des candélabres à la visitation durable des passages des ruelles en plain-pied avec la chaussée où cahotent les tramways surtout les tramways de Trastevere qui ont le plus bel Ave Maria et tout Rome entonne le chant des madonelles des carrefours c’est ainsi depuis les Lares anciens être romain ce ne sont pas les églises mais la rue qui tient vivante la religion la religion des gens de Rome qui croient à la vie des carrefours à la ville en croix à la charité des croisements à ton signe e loco excelso par lui tout circule et se croise tant qu’il y aura des ragazzi sur liberty des trains à Termini et des tramways colportant dans tout Rome les mille noms des madonelles des carrefours.
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Rêves de vent, rêves de sable, rêves d’enfant, je me suis laissée emporter par mes rêves et j’ai senti le vent dans mes cheveux, je me suis vue pliée en deux, luttant pour avancer, du sable plein les yeux, fillette à la rencontre des dunes, mes petits pieds caressés, réchauffés, la tête inclinée, écoutant le murmure du vent à la rencontre du sable, bercée d’histoires d’enfant perdue dans la lumière, jouant avec les étoiles, m’adressant à la lune pour qu’elle descende me dire bonjour, dévorant le silence, embrassant de mes deux petits bras l’espace, souriant de toutes mes dents à la disparition du temps.
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C’était ne pas s’apercevoir tout de suite que la conversation, en pleine réunion, avait dévié sur les terrains familial et personnel, politique ou sportif et s’amuser de cela, relancer sur ces mêmes zones de courte liberté avant que quelqu’un n’ait le temps de reprendre les points de l’ordre du jour.
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Bien avant la distance et le repli, quelque chose qui aurait pu être la vie guettait pour toi : des voyages, une maladie secrète et presque oubliée, des ébauches, des refus, des projets... Lentes bouteilles, lourdes mers, miroirs face à face coagulant les reflets comme pour eux seuls, grand saule près du clos ne rassemblant que ce qui EST pour peu à peu l'affermir, heure d'à côté, refuge où de toi tout se joue, la frêle clef qu'un geste ou un saut donneraient, les soutes, les venins, les tourments, la corruption que tu nommas mémoire et qui te fit combler, à force de maux, l'antre vorace...
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