mardi 9 novembre 2010

362 : lundi 8 novembre 2010

C’était apprendre, par quelqu’un à qui quelqu’un avait dit de ne pas l’ébruiter, que ce n’était pas officiel, qu’un collègue cherchait à partir (et alors se remémorer ses « déjs » un peu longs du midi, ses départs à peine plus tôt, et seul, le soir), se demander où il cherchait, pourquoi il partait, le vrai pourquoi et aussi, un peu, l’envier et, ce faisant, chercher, pour soi, des raisons qu’on aurait de partir, de quitter l’herbe verte qu’on aurait pu croire plus verte ailleurs.


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Surtout, il s’était convaincu qu’il avait beaucoup travaillé, bien plus que d’avoir effectivement abattu un important labeur. Il s’était assez obsédé par ce travail pour que celui-ci soit devenu central dans ses pensées, de telle sorte que ses préoccupations conscientes qui ne s’y rattachaient pas étaient devenues rares, qu’il lui semblait être bien plus avancé dans sa tâche que ce n’était effectivement le cas, que le nombre des conséquences de son projet qu’il avait virtualisées lui donnait l’impression que celui-ci existait déjà bien davantage que ce qui était véritable. Maintenant que le délai qu’il s’était donné approchait, et qu’il essayait de rassembler les éléments qu’il avait composé, il ne voyait qu’un petit tas de confettis, alors qu’il avait espéré un imposant édifice dont il n’aurait plus eu qu’à polir les finitions et qu’à corriger marges et détails. Ce qui l’avait le plus trompé était qu’il n’avait jamais autant travaillé ; il manquait de repères pour savoir si ses efforts avaient été suffisants ou minces, efficaces ou contre-productifs. Ce qui l’inquiétait le plus maintenant, était qu’il se sentait tout à fait incapable de travailler davantage et qu’il n’avait pourtant rien obtenu. Il ne manquait plus qu’un peu de lucidité pour voir clairement qu’il n’avait pas les moyens des ambitions que d’étranges fantasmes et des malentendus en série lui avaient fait endosser, et fort volontiers, et à la rêverie desquelles il se trouvait beau par avance, ainsi paré aux épaules d’une grandeur dont il n’avait pu se convaincre de la petitesse qu’elle avait en fait, n’ayant jamais pu la rencontrer pour qu’elle le détrompe.