lundi 22 novembre 2010

374 : dimanche 21 novembre 2010

Quoi faire coiffeur lance-t-il à la cantonade qui n’est jamais bien nombreuse à chaque fois qu’il pousse la porte vitrée du salon Hommes Dames (l’inscription peinte aux majuscules stylées commence à s’effacer et l’enseigne fer forgé pendue au dessus, peigne et ciseaux croisés, rouille). Plus guère que trois poils en bataille qui lui restent mais il en prend le plus grand soin. Sans compter le plaisir de plaisanter, pas méchamment, avec le coiffeur - mes pattes, n’y touchez pas. Un veuf comme lui et dans ses âges.

----------------------


Mutine Elle le faisait, petite fille. Elle s’immobilisait, fermait les yeux très fort, comptait lentement dans sa tête jusqu’à être transportée dans un lieu qui lui permettait de s’évader un peu. La magie opérait, elle se sentait d’humeur radieuse. C’était un jeu de convoquer ainsi tous les éléments susceptibles de calmer son angoisse ou sa tristesse. Elle est vieille maintenant mais elle sourit à ce souvenir. Involontairement, elle se laisse prendre au jeu. Les souvenirs affluent, elle les éloigne. Elle connaît ses rêves par cœur, elle n’en veut plus. Elle essaie juste de retrouver cet état d’innocence, de joyeux abandon. Elle a l’impression de dévaler des centaines de marches, elle se sent essoufflée, l’escalier n’en finit pas, elle saute les deux dernières et se retrouve dans un pré où elle court à perdre haleine. La balançoire est là, elle se glisse dessus et s’émerveille du ciel qui vient à sa rencontre. Sur son vieux visage ridé, un large sourire se dessine, sa tête oscille un peu, ses mains agrippent les bras du fauteuil, ses lèvres remuent fredonnant une chansonnette. Son châle a glissé à ses pieds, elle n’en a pas besoin. Il fait si bon !