dimanche 14 novembre 2010

367 : samedi 13 novembre 2010

Je danse et tu joues de l'accordéon, dans la rue, au pied des immeubles, et on nous jette des pièces depuis les balcons, alors nous partons en laissant les pièces, parce que simplement j'avais envie de danser. Un agent nous verbalise, pour désordre. Je danse et tu joues de l'accordéon sur le parking de la cité, et les minots applaudissent et puis nous rient au nez et nous traitent de bouffons, alors nous les regardons danser et c'est beau mais pas possible, je ne saurais pas. Je danse et tu joues de l'accordéon sur la plage, nous sommes seuls, le soleil est tendre, mais je me tords les pieds sur les cailloux, alors nous nous asseyons, nous regardons la mer, nous nous embrassons.


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Adieu Elle se souvient. La mer ce matin-là, sans une ride. Dans le ciel, pas un nuage. Déjà, les rumeurs de la ville enflaient dans son dos. Elle marchait vite avec, au fond de soi, cette curieuse appréhension. Tendue comme un arc, elle s’appliquait à mettre un pas devant l’autre, le plus rapidement possible. Surtout, ne pas penser ! Ses yeux fouillaient la plage. Son cœur cognait dans sa poitrine, si fort, tel une petite balle prête à sauter sur les galets ! Soudain, Il était là. Immobile. De dos. Si grand, si maigre, face au soleil. Elle aurait dû courir, l’appeler mais elle a stoppé net. Doucement, elle a reculé. Quelque chose dans sa gorge l’empêchait de respirer. Lentement, elle a cherché au fond d’elle-même un sourire à accrocher sur ses lèvres. Elle n’a pas pu. Elle a fermé les yeux. Incapable d’arrêter ses tremblements. Des mots résonnaient dans sa tête, il les lui avait chuchotés tant de fois ! Tout à coup, elle a senti sa présence, son souffle dans ses cheveux. Il a pris sa main sans un mot. Elle s’est laissée faire. Il l’a emmenée loin de la ville, elle tremblait, il lui a donné son manteau. Puis de sa belle voix grave, il a prononcé quelques phrases, simples, douces, irrévocables. Il l’a serrée dans ses bras, longtemps, elle n’a pas protesté, elle s’y est blottie. Lorsqu’il l’a délicatement repoussée, elle l’a laissé faire. Il s’est éloigné à grands pas, elle l’a suivi des yeux, silhouette dansante sur le chemin sablonneux… Maintenant, elle se souvient. Seulement maintenant. Il a fallu tout ce temps ! Il n’est plus là mais elle l’entend. Il avait des mots qui chantent.