Jean a dit « il y a l'air, le sourire, une source fraîche, la chanson, les mots » et les livres – je ne sais plus qui a parlé du vice impuni de la lecture, jolie expression qui est ressassée avec gourmandise, un peu courte peut-être, mais jolie, il y a la lecture devoir, la lecture documentation, la lecture délassement, la lecture parce qu'on en parle, la lecture nourricière, la lecture poison, la lecture machinale, la lecture euphorisante, il y a les mots, leur son, leur goût, leur combinaison, et oui aussi c'est vrai leur sens, il y a la lecture parce que je sais pas faire autre chose, la lecture parce que je ne sais pas lire, la lecture parce que je n'abandonne pas, la lecture parce que c'est par courtoisie qu'on se soucie de ce que voulait l'auteur, ou par curiosité, ou avec une surprise humiliée, ou avec gratitude mais on passe outre, la lecturophage.
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Trois euros donnés de très bon cœur à un mendiant, et tant pis pour le dessert que je ne mangerai pas demain.
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Tu crois avoir tout traversé, tout pleuré, tout séché. Subitement la claque arrive - bien plus tard. Il n'y a plus rien à geindre, plus rien à vouloir. Je tiédis. Les images s'évaporent. Soyons fous, dans un mois rien n'existera plus. Rien ne fut. C'est dans ta tête. Rien ne brûle, même plus les ventricules. Allons créer de la mémoire, si nous n'avons plus rien à souffrir.