lundi 27 juin 2011

590 : dimanche 26 juin 2011

L'école m'a enseigné qu'on évite l'érosion du territoire pour se préserver de l'océan trop proche. Vraisemblablement, des tuyaux sont enfouis dans le sable. Percés au niveau des cavités, ils reçoivent les précipitations et les acheminent vers les citernes : il n'y a pas de source sur l'atoll, chaque maison dispose d'une citerne qui l'alimente en eau... Au pied du cocotier, le cube me regarde à nouveau. C'est un crabe de terre. Il me chuchote son nom, puis se met à courir en zigzag, disparaissant sous les palmes qui jonchent le sol. Je ne bouge absolument pas.


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Je voudrais rêver de cette maison à l'orée d'un gros bourg, pleine de meubles hétéroclites, marqueteries nobles avec bronzes délicatement ciselés et sculptures amples et grasses, osier plus ou moins tarabiscoté, et formes simples en bois peint, une élégance décontractée dans lequel le parc entrerait, marquant sa présence par des bouquets un peu fous dans des jattes de pierre, des imperméables et une collection de chapeaux de paille ou de toile, pour abriter les amis de passage, qui seraient assez nombreux, chaleureux s'ils le désiraient, mais sans insistance, totalement libres en dehors des repas préparés en commun, pour que les petites rides qui pourraient endommager la sérénité des jours soient quasiment imperceptibles.


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Lumière. Éclats du jour qui se cogne. Dans le sillage des ombres les heures s'enfuient les jours s'enfoncent.


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Mon voisin de métro paraît âgé de vingt-sept ans et demi. Il a les cheveux très courts, presque ras, sur un petit crâne rond, et il porte un foulard à pois. Nous sommes assis côte à côte. Mon voisin de métro tient sur ses genoux une lettre qui est en fait une simple feuille de papier kraft pliée en trois, de temps en temps il la déplie puis la replie. A l’intérieur il y a quelques lignes imprimées, un nom centré, mais ce n’est pas un faire-part de naissance ni de décès, peut-être un avis de soutenance de thèse ? A l’extérieur le cachet de la poste empêche de voir clairement l’adresse, je parviens néanmoins à lire : « Mathieu STYLATOR, 11 rue du Chemin Vert, 75011 Paris ». Hum ! Il a tout à fait une tête à s’appeler Mathieu. Numéro 11 d’une rue du 11e arrondissement, et nous sommes en 2011… Quant au nom de STYLATOR, no comment. Mon voisin de métro pousse un petit soupir très discret, mais je l’ai perçu tout de même. Nous sommes très proches.


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Au départ elle n'ose pas vivre. Elle a oublié, cette liberté d'être tout simplement ne lui serait pas venu à l'esprit auparavant et elle se sent presque indécente de respirer sans réfléchir, de laisser couler ses journées. Puis elle savoure chaque instant avant de sombrer dans l'ennui. Sa vie sans but est devenue insipide.