mercredi 1 juin 2011

564 : mardi 31 mai 2011

Maladivement modeste, Léon ne pipa jamais rien aux grandes espérances.

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Assis l'un en face de l'autre, ils semblent avoir stoppé toute activité. Ils font le jeu. Le jeu. Immobiles, le regard fixe, ils se jaugent et se dominent l'un l'autre par la concentration, par la seule force de leur volonté et de leur détermination. Il commence à faire sombre déjà. Arrêtés ainsi à un état borné de quasi immobilité, de mutisme têtu et obstiné, ils détruisent comme ça le temps, le temps de leur jeu. Aussi ça et là claque de temps à autre un non-évènement démesuré face au solennel de la situation: battement de cils, tremblement du nerf d'une paupière, changement subtil de la respiration, mouvements involontaires de dents et de toussotement qui témoignent de l'extraordinaire degré de tension et de concentration des protagonistes... Le monde extérieur n'existe plus : tout s'est arrêté comme ça pour eux, pour leur jeu. Tout n'est plus pour eux qu'un regard mutuel dédoublé en pôles antagonistes, et c'est très bien comme ça. Ils n'auront aucun mal à dormir cette nuit.


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C’était respirer cette émulsion de bitume et d’eau de pluie, typique des averses d’après chaleur en ville, ce goût de pétrole. Descendre avec les fumeurs, pour l’occasion, écouter le glissement liquide des roues des voitures.