samedi 11 juin 2011

574 : vendredi 10 juin 2011

Campagne pub : Léon, tellement plus que deux syllabes…

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Ami herméneute, tu aimes les signes tu émets des signaux. Tu traces des lignes, tu places, tu disposes, tu jonches ton espace de repères, de marques, de balises. Perspectives. Tu en recherches l'angle, le code, le chiffre. Au plus loin que tu peux te souvenir, tu as toujours été fasciné par messages que sont parfois pour toi les signes et comme captivé par leurs univers de sens. Tu les observes longuement, autour de toi, ces réalités et leurs degrés, tu y vas patiemment suivant le train où vont les choses et les rythmes qu'elles imposent - ou non. Leurs différentes acuités, présences, ou profondeurs, toujours plus ou moins lourdes, toujours plus ou moins denses... Et tu modules, tu séquences, tu fragmentes en éclats de sens. Tu deviens prisme et tu regardes au travers. Tu te parcours, tu te traverses. Seulement toujours t'échappent les secrets de tes transports. Aussi semble-t-il qu'un épais brouillard t'encercle à chaque fois que tu t'y reconnais, toi, dans cela que tu vois autour de toi. Tu finis par devenir cet être transparent que tu avais déjà évoqué auparavant. Celui à qui on peut prêter n'importe quelle intention, n'importe quelle qualité d'attention. Et les distances par lesquelles il s'absente sont aussi l'oubli de lui-même, calme méditation où le monde lui aussi s'oublie.


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J’ai le pied marin, mais sur ce plancher des chèvres, c'est pas ce qui compte. Quand l’aube sera plus rose, ce sera le moment de mettre les voiles. Un bronzé à la tête d’ange, avec des grosses joues, a invité tout le monde chez lui. La classe. Tout y est grand, doré, des angles partout. Open buffet, des pois chiches en salades, des haricots et des fèves, on se régale mais ça ballonne. Plus d'une semaine qu'on squatte. Ras le bol. Je veux continuer à tracer sur le plat de la mer, rester à flot le plus longtemps possible. Ca m’obsède, autant que toi ton retour à la maison. On stagne, on fermente, on fait du sur-place avec toutes ces bombances, je ne supporte plus. Il faut toujours avancer, mettre une longueur d'avance au temps. Ce matin, l’aube est rose comme une pivoine, la chance tourne. Tu sors du palais en trimballant une jarre aussi volumineuse que bien décorée. T'es verni, Grosses-joues t'a fait un cadeau, comme si tu ne te la pétais pas déjà assez, et nous, même pas des pochettes surprises ! Ca me reste sur l’estomac, les gargouillis dans mon bide reprennent de plus belle. L’air de rien, cette jarre nous a fait piger que toi et nous, on n'est plus dans le même bateau. Tu nous gonfles et mériterais de te transformer en rat de fond de cale. T’as l’air content, ça y est, on rentre. Juste ce qu'il faut de brise remplit les voiles, l'air verdâtre tu t’agrippes à la rambarde , une semaine ne suffit pas à t'amariner et pour une fois ça nous fait rudement plaisir.


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J’ai le pied marin, mais sur ce plancher des chèvres, c'est pas ce qui compte. Quand l’aube sera plus rose, ce sera le moment de mettre les voiles. Un bronzé à la tête d’ange, avec des grosses joues, a invité tout le monde chez lui. La classe. Tout y est grand, doré, des angles partout. Open buffet, des pois chiches en salades, des haricots et des fèves, on se régale mais ça ballonne. Plus d'une semaine qu'on squatte. Ras le bol. Je veux continuer à tracer sur le plat de la mer, rester à flot le plus longtemps possible. Ça m’obsède, autant que toi ton retour à la maison. On stagne, on fermente, on fait du sur-place avec toutes ces bombances, je ne supporte plus. Il faut toujours avancer, mettre une longueur d'avance au temps. Ce matin, l’aube est rose comme une pivoine, la chance tourne. Tu sors du palais en trimballant une jarre aussi volumineuse que bien décorée. T'es verni, Grosses-joues t'a fait un cadeau, comme si tu ne te la pétais pas déjà assez, et nous, même pas des pochettes surprises ! Ça me reste sur l’estomac, les gargouillis dans mon bide reprennent de plus belle. L’air de rien, cette jarre nous a fait piger que toi et nous, on n'est plus dans le même bateau. Tu nous gonfles et mériterais de te transformer en rat de fond de cale. T’as l’air content, ça y est, on rentre. Juste ce qu'il faut de brise remplit les voiles, l'air verdâtre tu t’agrippes à la rambarde , une semaine ne suffit pas à t'amariner et pour une fois ça nous fait rudement plaisir.


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C’était se demander pourquoi partir plus tôt le vendredi alors que nous n’avions rien de prévu ni pour le soir ni pour le weekend. Célibataire sans programme avant deux semaines, pourquoi ne pas rester ce soir, mais tard ? Se dire que 22h serait une heure intéressante de départ. Imaginer partir non par l’entrée principale du rez-de-chaussée, mais par le parking souterrain, par le parking des cadres au -3. Se préparer à ça. Prendre un café à 17h quand les autres commençaient à partir. Ouvrir le dossier de spécifications à une page particulièrement tordue et confuse et passer déjà plus d’une heure à en tirer le minimum nécessaire pour lancer la machine, après s’être enfiler quatre « madelons » chocolat ultra-gras du distributeur. Coder les grandes lignes, les tests principaux, 19h la femme de ménage à l’étage jusqu’à 20h (vite arrivées), un bonsoir discret. Le silence des départs, pendant ce temps, les regards évités que les autres lançaient dans le vide pour ne pas se faire ralentir par d’éventuels questions, notre présence alors complètement hors-norme et risquée pour eux, et puis très vite plus personne. 21h05 restester, relire, corriger, peaufiner, archiver, lire quelques mails, y compris persos, hésiter à envoyer un mail pro au sujet de ce que nous venions de faire (questions, besoin de précisions, d’images…), ce serait un peu trop, le préparer simplement pour lundi. 21h45, aller aux toilettes, boire une grande rasade d’eau, reprendre des madelons au distributeur. 21h55 l’ascenseur, descendre au -3, le silence bourdonnant de ventilateurs invisibles, l’écho de nos pas seuls, quelques voitures ici encore, commerciaux, cadres dirigeants sans doute. Marcher lentement et apercevoir l’autre ascenseur clignoter, à l’opposé de celui par lequel nous étions arrivés, voir descendre les étages dans le négatif et prendre peur d’une rencontre avec un gros bonnet, alors courir jusqu’à la rampe de sortie des véhicules, contre toute logique de sécurité et au risque de se faire doubler par le présumé patron. Courir, essoufflé au -1 où se trouvait heureusement, proche de la rampe, un escalier qui donnaient visiblement (à des lueurs de réverbères qui ne trompaient pas) dehors. 22h04 dans ce quartier d’affaire désert aux murs de verre, l’air orange électrique, tout ici paraissant isolé du monde ; et ce n’était que le début du voyage retour.


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La vie est un long chemin vers soi. Certains se trouvent plus vite que d'autres, ils peuvent ainsi avancer vers nous et nous tendre la main dans notre progression balbutiante.