lundi 20 juin 2011

583 : dimanche 19 juin 2011

Ainsi soient ces passages, ces parcours, ces chemins, ces routes. Visibles ou invisibles invincibles ils sont là, ils existent. Input, output. Le point par où l'on rentre n'est pas celui par où l'on sort. Artefacts, systèmes de signes, immense enchevêtrements de voies, de tunnels, de ponts, lignes continues discontinues. Ils relient; structurent les espaces; supportent les flux; forment un ensemble de circuits. D'autres temps et d'autres rythmes animent les passages des espaces intérieurs. Souterrains ils relient, anarchiques, d'un point de la ville jusque d'autres, et leurs usages varient selon les périodes ou les époques. Au dessous certains terrains sont aménagés pour permettre un passage aisé ; on y voit des marques, des repères symboles spécifiques aux usages oubliés : d'autres lieux sont étroits, humides, toute torche s'y éteint, des trous au sol comme autant de trappes vous menacent. Occultes et secrets des renfoncements comme des alcôves ou chambres de stockage jouxtent les tunnels ou les larges allées centrales. Il s'en trouve par ailleurs d'autres passages derrière les échelles ou sous les marches des éventuels escaliers qui relient au monde extérieur ce labyrinthe intérieur. Parfois on voit en haut des rayons de lumière du jour, s'échappant d'une creusée verticale ouvrant au dehors, une échappée, accessible ou non. Tout cela ne me dit pas quelle voie sera celle que tu emprunteras. Je lis ton corps ses lignes et ses courbes, je lis ton regard ses parcours et ses routes, je lis ta voix et ses chemins au-delà.


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Si je pose la question à l'école, elle me dira que la latitude, la longitude et l'altitude justifient ces cavités, bien que l'atoll soit isolé. Sans plus rien dire, je me mets à réfléchir. Les bracelets de métal des cocotiers sont de forme ronde : ils peuvent servir à creuser des trous dans le sable. Cependant, les cocotiers sont larges. D'un diamètre supérieur à celui des cavités. Je sais par l'école que le diamètre sert à donner la largeur des cercles dessinés au tableau. Des bracelets adaptés au diamètre des cavités ont donc été fabriqués. Dans le but peut-être de créer des bouches d'aération. Et sans doute des galeries souterraines pour faciliter l'écoulement des eaux de pluie.


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Ses mains volent sur le clavier avec légèreté, faisant naître grondements de tonnerres et roucoulements amoureux. La scène parait si grande, et elle si petite sous le faisceau serré de lumière blanche perçant l'obscurité, face à ce gigantesque piano qui se plie pourtant à ses moindre gestes. Elle est arrivée humblement et sereinement. La salle de concert s'est tue en un souffle, le temps qu'elle s'asseye et qu'elle ferme les yeux en lançant ses doigts devant elle. Depuis une heure déjà elle domine les notes et offre à son public un éventail d'émotions authentique et pur. Rien n'est imposé. Il suffit cependant de fermer à son tour les yeux pour voyager avec elle. Le temps continue de filer au gré des notes, puis le silence s'impose, d'un coup, comme une douleur. Notre cœur bat alors que nous savourons les dernières résonance donnant sur rien, nous restons immobiles, saisis... cet instant est le meilleur compliment qu'on puisse lui faire. Après il y aura les gens debout, les applaudissements, les bouquets de fleurs et les "encore". La musique existe aussi grâce au néant qui après l'avoir précédée revient sans être plus tout à fait le même.