Ouvre les yeux Ivana, et dis-moi d’où tu viens, et si tu sais où je vais ? Ma tête est lourde de souvenirs qui ne veulent pas émerger. Mon corps est épais d’une graisse qui m’enserre pour me rappeler que le soir d’adolescence dont je me souviens n’est pas hier comme je le croyais. Viens-tu aussi d’un rêve, où nous allons ensemble cheminer ? J’avance sur un fil, toi sur le tien, et s’ils se rejoignaient ? Manque un troisième pour une tresse, qui permettrait à nos pas d’être plus sûrs. Sur une corde trois fois plus large, nos corps se mettraient à danser, et le chapiteau, oscillant, laisserait se lever des pans de son manteau ; il s’ouvrirait au vent qui se caresserait à la plante de nos pieds.