Juillet 2013 Dans ce rêve, P. m’indique avoir rencontré A. Mon imagination fait en premier lieu la place belle à l’Éros. Mais non. Elle me signale un temps plus tard l’y avoir tué, enfin tenté. Bouleversée par l’acte commis, un tir à bout portant, ce dernier ne mourant pas « du tout » m’a-t-elle dit, A. l’a consolée un peu. Certains considèrent chacun des personnages présents dans nos songes comme un sous-texte de l’âme, vaste et complexe palimpseste dont on ne saurait à vue d’œil déchiffrer les couches successives et hétérogènes. On se recouvrerait donc aléatoirement de masques et travestissement pour tenir le rôle des différents protagonistes qui circulent en nos jardins intimes et nocturnes. Cette pensée qui tombe sous le sens se révèle à bien des égards fort rocambolesque tant ces autres soi nous paraissent faire figure d’altérité. Combien de fois ne me suis-je pas cru la victime d’une tromperie de mon amant alors que ce dernier dormait paisiblement à mes côtés ? Il était difficile dans le matin de mettre à distance le ressentiment éprouvé quelques instants plus tôt. Or, j’aurais peut-être dû m’en prendre honteusement à moi-même. J’ai ainsi appris que les songes devaient être tus puisque nous n’avions qu’une maîtrise limitée de leur compréhension. P. m’a répondu « Tu veux dire que je me tue moi-même. Merde… » Lui ai parlé de résilience et consolation. Puis devant son scepticisme, ai conclu par une assertion indiscutable : « N’est pas Freud qui veut » - et certainement pas moi en effet. Nous avons résolu ce court débat avec sa proposition géniale : le lancement d’un service de sms : Sigmund Freud sur consultation. Ce serait chic, je vois et entends déjà les coupures publicitaires : « 10 22 22, toi aussi, tu veux savoir quelle est la signification de cet étrange rêve, compose le 10 22 22, Sigmund Freud se tiendra à ta disposition pour t’éclairer. 10 22 22 » ; « 10 22 22, tu veux savoir si cet(te) inconnu(e) rencontré(e) dans ton rêve la nuit dernière sera l’homme ou la femme de ta vie, au 10 22 22, Sigmund Freud peut t’aider. 10 22 22 » ; « 10 22 22, si tu as rêvé que ton père devenait le fils de ta mère, et que tu le finissais au cyanure, compose le 10 22 22, Sigmund Freud et son équipe mettront tout en œuvre pour répondre à tes questions. 10 22 22. » Quant au rêve de P. je lis ces lignes du fameux Freud : « nous avons résolu de n'admettre l'existence que de deux instincts fondamentaux : l'Éros et l'instinct de destruction (les instincts, opposés l'un à l'autre, de conservation de soi et de conservation de l'espèce ainsi que ceux, également contraires, d'amour de soi et d'amour objectal, entrent encore dans le cadre de l'Éros. » Il lui faudra donc en découdre avec son instinct de destruction et j’espère que cette analyse suffira à la remettre bien vite sur la voix de son autre penchant.
dimanche 28 juillet 2013
1146 : samedi 27 juillet 2013
Juillet 2013 Dans ce rêve, P. m’indique avoir rencontré A. Mon imagination fait en premier lieu la place belle à l’Éros. Mais non. Elle me signale un temps plus tard l’y avoir tué, enfin tenté. Bouleversée par l’acte commis, un tir à bout portant, ce dernier ne mourant pas « du tout » m’a-t-elle dit, A. l’a consolée un peu. Certains considèrent chacun des personnages présents dans nos songes comme un sous-texte de l’âme, vaste et complexe palimpseste dont on ne saurait à vue d’œil déchiffrer les couches successives et hétérogènes. On se recouvrerait donc aléatoirement de masques et travestissement pour tenir le rôle des différents protagonistes qui circulent en nos jardins intimes et nocturnes. Cette pensée qui tombe sous le sens se révèle à bien des égards fort rocambolesque tant ces autres soi nous paraissent faire figure d’altérité. Combien de fois ne me suis-je pas cru la victime d’une tromperie de mon amant alors que ce dernier dormait paisiblement à mes côtés ? Il était difficile dans le matin de mettre à distance le ressentiment éprouvé quelques instants plus tôt. Or, j’aurais peut-être dû m’en prendre honteusement à moi-même. J’ai ainsi appris que les songes devaient être tus puisque nous n’avions qu’une maîtrise limitée de leur compréhension. P. m’a répondu « Tu veux dire que je me tue moi-même. Merde… » Lui ai parlé de résilience et consolation. Puis devant son scepticisme, ai conclu par une assertion indiscutable : « N’est pas Freud qui veut » - et certainement pas moi en effet. Nous avons résolu ce court débat avec sa proposition géniale : le lancement d’un service de sms : Sigmund Freud sur consultation. Ce serait chic, je vois et entends déjà les coupures publicitaires : « 10 22 22, toi aussi, tu veux savoir quelle est la signification de cet étrange rêve, compose le 10 22 22, Sigmund Freud se tiendra à ta disposition pour t’éclairer. 10 22 22 » ; « 10 22 22, tu veux savoir si cet(te) inconnu(e) rencontré(e) dans ton rêve la nuit dernière sera l’homme ou la femme de ta vie, au 10 22 22, Sigmund Freud peut t’aider. 10 22 22 » ; « 10 22 22, si tu as rêvé que ton père devenait le fils de ta mère, et que tu le finissais au cyanure, compose le 10 22 22, Sigmund Freud et son équipe mettront tout en œuvre pour répondre à tes questions. 10 22 22. » Quant au rêve de P. je lis ces lignes du fameux Freud : « nous avons résolu de n'admettre l'existence que de deux instincts fondamentaux : l'Éros et l'instinct de destruction (les instincts, opposés l'un à l'autre, de conservation de soi et de conservation de l'espèce ainsi que ceux, également contraires, d'amour de soi et d'amour objectal, entrent encore dans le cadre de l'Éros. » Il lui faudra donc en découdre avec son instinct de destruction et j’espère que cette analyse suffira à la remettre bien vite sur la voix de son autre penchant.