lundi 25 juillet 2011

617 : dimanche 24 juillet 2011

je voudrais ne pas avoir fait ce rêve d'un noir plus profond que la nuit, absolu, et des soudaines lignes argent ou blanches qui l'ont strié, mon cœur s'emballant d'une liesse inconnue à la suite de mes yeux – la variété délicieuse des formes, leur dynamisme – et à leur suite une évasion éperdue, avant la chute, tremblante, un goût de fer dans la bouche, dans le réveil.


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Je pédalerai lentement. Avec peine, je parviendrai au séchoir du village, une hutte de bois garnie de claies. Une à une, je saisirai les noix de la remorque et je les empilerai sur le sol. Le lendemain, je reviendrai les fendre, pour les mettre à sécher sur les claies.


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Rencontre XXII Quand Aude refit surface, elle ne comprit pas où elle se trouvait. Une femme en uniforme la regardait, l'air inquiet. "Vous sentez-vous mieux ? Nous avons appelé un médecin. Ce sont les turbulences ! Si vous n'êtes pas habituée, c'est normal, ça perturbe !", dit-elle avec sollicitude. Aude se releva et lui demanda s'il y avait d'autres cabines. "Ah, vous voulez changer de place ?" "Oui, c'est cela, je préfèrerais un coin où me reposer, un peu éloigné des autres passagers." "Bien sûr, madame ! Il est certain qu'il faut que vous dormiez, le voyage est long !" Le médecin l'ausculta et diagnostiqua une tension trop basse. Elle allait boire quelque chose de chaud, cela irait mieux après. On la conduisit dans un tout petit recoin privé, il y avait une couchette où elle put s'allonger. L'hôtesse tira les rideaux et la laissa seule. Aude put se détendre un peu. Ici, il n'irait pas la chercher! Il n'oserait pas, l'hôtesse l'en empêcherait ! Que faisait-il là ? L'avait-il vue ? Etait-ce un hasard ? Pourquoi cet acharnement à la poursuivre ? Elle appela l'hôtesse et lui demanda si elle pouvait passer un message à son compagnon. "Ça va être difficile mais du fait que vous n'êtes pas très bien, le commandant acceptera peut-être. "Appelle Pierre et Lucie, François est dans l'avion !" Elle donna le numéro de Mathieu et le message fut envoyé. Le steward revint le lui confirmer. Elle l'étonna en lui demandant si elle pouvait descendre de l'avion en dernier, à l'arrivée. Il perçut aussitôt sa peur. Il la rassura : "Ne vous inquiétez pas, je descendrai avec vous. Ainsi, vous ne serez pas seule. Reposez-vous, maintenant !" À l'atterrissage, tout alla très vite. Elle attendit que tous les passagers soient sortis pour suivre le steward. Elle le remercia d'un généreux pourboire qu'il refusa. Lucie lui tendit les bras, Pierre la prit par les épaules et l'embrassa sur les deux joues. Puis il alla chercher ses bagages. "Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?" s'écria Lucie. "Nous avons observé chaque passager : aucun ne ressemblait à François ! Es-tu certaine de ne pas t'être trompée ? Tu nous a fait une de ces peurs !" Lucie était belle à croquer ! Elle avait laissé pousser ses cheveux, cela lui allait bien. Son beau ventre rond attendrit Aude qui posa ses mains dessus et fondit en larmes. Pierre et Lucie se regardèrent et l'entraînèrent dans un véhicule flambant neuf mais couvert de poussière. "C’est ma nouvelle acquisition, tu comprends, il fallait que je puisse les conduire tous les trois avec précaution !", dit-il joyeusement. A l'arrière, rassurée, Aude écarquillait les yeux. La chaleur lui avait sauté au visage... Elle était en Afrique! Une vague de joie la submergea. Elle se sentit en sécurité. Son cerveau malade lui avait-il joué un tour ? Elle voulait s'en convaincre ! Elle en avait assez de cette impression permanente d'être en sursis. Ici, elle guérirait ! Elle chasserait l'image qu'elle avait dans sa tête, toujours la même ! Elle se voyait tendre les bras à une autre femme qui n'était autre qu'elle-même ! Cela la rendait folle !


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Comme tous les jours, leur dispute se prolonge jusque tard dans la nuit. A force de vin, leur diction s'invente de nouveaux accents, leurs propos sont ponctués par des tintements de casseroles et de tiroirs. Enfin la réconciliation les fait basculer dans les plumes et les cris outragés laissent place à des râles outrageants. Les voisins soupirent. Vivement la fin de l'été, qu'ils ferment leurs fenêtres...