lundi 11 juillet 2011

603 : dimanche 10 juillet 2011

Sur le cocotier, je vais tailler dix encoches. Une par an. Je serai majeur à la dixième. Je gagnerai ma vie en récoltant du coprah. Je n'aimerai pas cela. Il faudra ramasser les noix mûres sur le sol, les entasser dans une brouette et la pousser en zigzag d'un cocotier à l'autre. Je ramasserai trente-cinq noix à la fois... L'école me rappellera que je dois travailler durement, maintenant que je suis grand.


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Elle veille sur le sommeil des siens comme une louve. A pas discrets, ses rondes de lits en lits remontent les couvertures, ramassent les doudous et apaisent l’agitation des monstres menaçant la tranquillité des songes. Trois chambres à visiter, trois lits blancs vernis avec soin et bordés de coton sous des plumes légères et chaudes. Enfin, au cœur de la nuit elle ira reposer aussi jusqu'à l'aube, elle n'est pas gourmande en sommeil. Son réveil sera immédiat au son de petits pieds nus en cavalcades sur le carrelage glacé de leur cuisine, d'orteils en manque de chaussettes et de doigts à peine sortis des rêves qui se refermeront sur des bols de chocolat au lait fumant. Les rires fuseront au-dessus de la table, des rires frais et reposés et présageant d'une journée de vacances sereine. Elle aime les regarder dormir, retrouver l'innocence d'une enfance en confiance et en abandon, elle aime savourer la tranquillité de la nuit en attentant le bonheur de demain.


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Rencontre XIV Le soleil se levait. Mathieu avait rempli son grand sac de voyage. Il alla réveiller Aude. Avant de repartir, il passa quelques coups de téléphone. Il reviendrait plus tard, pour régler ses affaires. Ses rendez-vous étaient pris, plus rien ne le retenait. Mais il fallait passer chez Lucie ! Ils chargèrent la voiture, puis traversèrent la ville encore endormie. Pierre était en train de déjeuner au milieu de ses dossiers. Lucie dormait encore. Mathieu expliqua à son frère qu’il avait enfin décidé ce qu’il voulait faire : il quittait Paris ! Médusé, Pierre le regardait attentivement. Il avait devant lui un homme calme, déterminé, dont la voix ne tremblait plus. En une nuit, Mathieu avait changé. Ils parlèrent longtemps, notamment de la vieille dame qui se faisait tant de soucis pour sa petite fille ! Ils s’expliquaient enfin pourquoi elle avait tant insisté pour qu’ils prennent soin d’elle… Aude les avait laissés seuls et s’était allongée à côté de Lucie, dans la pièce voisine. Son amie l’avait entendue. Elles chuchotèrent ensemble, partageant leurs chagrins et unies dans leur décision de vivre en tirant définitivement un trait sur leur passé sombre. Lucie lui confia que pendant la nuit, elle était remontée sur le toit avec Pierre pour observer les étoiles…et qu’il avait adoré cette promenade nocturne ! Tous quatre descendirent joyeusement jusqu’à la voiture, Lucie portant un mystérieux paquet dans les bras. Elle le plaça à l’arrière et demanda à Aude de ne l’ouvrir qu’une fois arrivée. Celle-ci avait deviné le cadeau de son amie. D’un grand sourire, elle la remercia… La route serpentait devant eux, Mathieu chantait à tue-tête une de ses compositions. Aude conduisait lentement, toute à ses pensées. Ni l’un ni l’autre ne virent le véhicule qui déboucha en trombe d’un sentier. Aude fit un écart pour l’éviter, se concentrant une fraction de seconde sur l’arbre qui venait à leur rencontre. Le hurlement de Mathieu se prolongea pendant qu’elle sombrait dans un grand trou noir.