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Rencontre XX François en avait assez de cet imbécile qui le suivait partout ! Il n’essayait même plus de se cacher. Irait-il jusqu’à lui serrer la main chaque matin ?! Le mieux était de vivre normalement. Il en était persuadé. Depuis son retour de Rome, il n’avait cessé de se poser mille et une questions. Il était pourtant heureux à sa descente de l’avion : pour la première fois, ses poèmes avaient été lus et appréciés. Deux éditeurs étaient intéressés ! Ça tombait bien, il avait besoin d’argent ! Il lui fallait une nouvelle voiture. Un policier l’attendait au contrôle, à la descente de l’avion. La suite avait été un cauchemar ! Une nuit entière et toute la journée du lendemain, on l’avait questionné, harcelé, presque maltraité ! Jusqu’à ce qu’ils vérifient son alibi. Ils l’avaient libéré le soir, sans même s’excuser et le priant de ne pas quitter le territoire jusqu’à nouvel ordre ! Furieux, François avait donné rendez-vous à Lucas, dans un bar fréquenté de Barbès. Il voulait des explications ! Lucas était arrivé en retard. Petit, trapu, musclé, il travaillait chez Peugeot comme chef mécanicien. « Je t’avais demandé de leur faire peur, pas de leur faire mal ! Tu as failli les tuer ! » martelait François en tapant du poing sur la table. Lucas était désolé. Il les avait suivis, s’était planqué sur un petit chemin. Jamais il n’aurait imaginé que cette nana ne maîtrisait pas son véhicule à ce point ! « Je t’assure, elle avait largement la place de se rabattre, elle a foncé droit sur l’arbre, je n’y suis pour rien ! En plus, après, il a fallu que je rentre à pieds ! » François se calma et lui expliqua l’enfer qu’il vivait depuis qu’il était rentré. « Je n’ai plus de voiture, ils ne me la rendront pas ! On me suit partout, tout le temps ! Écoute, tu dois partir, sinon ils vont bien finir par te trouver ! » Lucas éclata de rire. « Partir ? Mais où ? Et mon boulot ? Tu rigoles ! C’était un jeu, juste un jeu qui a mal tourné ! Et puis, ils ne sont pas morts, que je sache ! Écoute, j’assure les essais pour les pilotes dans deux jours. On avisera après, OK ? Mais tu te fais de la bile pour rien ! » Lucas était d’un naturel optimiste, contrairement à François, qui le regarda s’éloigner en pensant qu’il se trompait. Jamais il n’avait voulu cela ! Aude lui manquait trop ! Il avait mis du temps à s’en apercevoir, certes, beaucoup de temps ! Mais il avait changé, beaucoup changé. Il devait la voir, il fallait qu’il le lui dise !