mardi 19 juillet 2011

611 : lundi 18 juillet 2011

C’était se sentir prêt, juste après ce mail envoyé, et celui-ci, et ce coup de fil, et ce mot dit (qui aurait pu être omis) à la pause café. Considérer la journée du lendemain comme vide. Écrire de la doc comme aujourd’hui, penser au réglage du message automatique d’absence. Prolonger le déjeuner en terrasse avec apéro, entrée, plat, dessert, café, revenir lentement sur mes pas jusqu’au bâtiment bientôt oublié, ressentir le plaisir de quitter tout ça, encore une fois imaginer quitter tout pour toujours, mais alors imaginer tout perdre également et avoir peur de ça plus que de la mort.


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je rêvais - j'étais dans une rue, pleine de soleil, vide, bordée de voitures, carrosseries surannées, toutes en rondeurs douces, de couleurs délicieusement pastel, fondant vers le mauvais goût comme des bonbons industriels - j'étais dans cette rue, et je marchais en regardant devant moi, guettant la fin de ces coulées parallèles d'asphalte et de tôles acidulées - et j'étais en dehors, au dessus peut-être, autre part, en dehors en tout cas, oui c'est ça, me regardant regarder cette rue, sans me voir.


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Sophie entend des pas lourds dans l'escalier. Sa chambre est fermée à clé, elle se tient derrière son armoire un balais entre les mains. Dehors le vent siffle, les arbres se tordent et le ciel s'illumine avec rage et fracas. Sophie mord sa lèvre pour ne pas crier. Elle sent son cœur lui échapper tant il bat fort, elle se sent prisonnière de ces murs, qui sait si la serrure sera assez solide et si elle aura le courage de frapper l'intrus, son balai sera-t-il assez fort et s'il se casse, que faire? Les pas s'arrêtent, hésitent dans le couloir, une ombre se profile sous la porte. Alors qu'une bourrasque fait trembler la maison, la porte vole en éclat tandis que Sophie se réveille en hurlant dans son lit. Son mari arrête son bras juste à temps avant qu'elle ne puisse abattre sa lampe de chevet sur lui.