vendredi 28 mai 2010

197 : jeudi 27 mai 2010

Tu mérites de la beauté. On peut toujours espérer que la beauté console, qu'elle console mal mais qu'elle console. Je ne t'ai pas consolée, n'en avais-je pas le pouvoir sûrement, du moins je n'ai pas su le faire. C'est ce qu'il me reste pour te consoler, t'adresser de la beauté, et je ne peux exclure que ce soit moins aisé, plus vain, que boire la mer entière. Tu ne me le demandes pas, pas du tout, mais l'on dit bien que c'est vouloir donner à quelqu'un qui n'en veut pas quelque chose que l'on n'a pas. C'est insensé, c'est un échec assuré, c'est hors de propos, ce n'est pas la question. Ce serait ma façon d'essayer d'être à la hauteur de ce dont tu m'as un temps cru capable, l'intelligence, la finesse, l'admirabilité. Ce serait un échec d'après mon échec précédent, un échec que je pourrais réussir, c'est-à-dire un échec auquel je pourrais échouer. Tu mérites de la beauté, de ceci je ne doute pas.

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La route défile sous la roue avant du vélo. Des gravillons. Bordée, mais bientôt débordée par une verdure luxuriante, échevelée, de feuilles, de ronces, d’orties, qui dans la chaleur de l’été, exhalent une fraîcheur inattendue. Au dessus, la frondaison des arbres emplit le ciel. Au loin, des pâturages d’herbe haute et des haies d’arbrisseaux dont le feuillage allumé de soleil contraste avec l’ombre reposante des troncs alignés. Les mouches se déchaînent, bourdonnantes, mais les oiseaux filent à travers l’air chaud sans un cri. Le vélo lambine dans le vide du mois d’août.