mercredi 19 mai 2010

188 : mardi 18 mai 2010

Quand arrive le moment de choisir, en réunion avec moi-même, je discute, je me cause grave, je me vilipende sévère. Puis, pris dans des introspections réelles qui tournent rapidement au fictif, je décide malgré moi pour que naissent plus tard et pas tout à fait à mon insu confusions en tout genre. Souvent, il faut que je me le dise, la genèse du choix et la décision qui en résulte m’échappent comme si tout cela était manigancé par un autre que moi. Alors, deux hypothèses : soit je pousse mon jugement étranger hors de moi, soit j’use de mon éloquence pour donner justification à mes propos. J’opte souvent pour la seconde car, de mon chef ou pas, une décision est une décision ; peu importe si elle m’incombe vraiment dans la mesure où elle se déclare d’elle-même. Le problème se complique lorsque l’arrêt rendu, pourtant unanime (moi et moi s'étant longuement concertés), n’est pas suivi de faits tangibles qui corroboreraient choix et actions. Je m’explique. Je choisis puis acte et finis par nier avoir acté. Pire j’argumente pour que de façon intellectuelle et cartésienne mon choix soit indéniable, indiscutable et irrémédiable. Et quelques jours plus tard, je trouve les arguments inverses amenant à réduire en miettes le raisonnement précédent. Il en découle une décision opposée, à prendre ou à laisser. Les deux alternatives devenant possibles, je ne choisis pas..

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Les serpents sont en feu et dans l'odeur des cyprès un oisillon meurt dans mes mains, il ahane, il agonise dans mes paumes, il ouvre grand le bec pour chercher l'air, de plus en plus lentement et s'arrête il expire, la vipère enroulée sur les gravillons qui dort, digère ou râle en silence et s'effondre dans la fin, la vipère verte et noire qu'on veut détruire et conjurer et qu'on débite en morceaux à coups de tranchants de pelle, son long fil de corps résiste à être tranché en tranches et cède sous les coups, la belle chouette blanche et grise tombée au sol intacte à quelques mètres de la maison, fraîche et inentamée en plein jour, gisant son plumage doux, la face ensommeillée étendue au sol, révélée où elle est étrangère, où elle est l'envers.