jeudi 24 novembre 2011

727 : mercredi 23 novembre 2011

Les Lointains sont toujours loin. Même de près. Ils entretiennent entre eux des relations courtoises et distantes et ne se mêlent pas plus de ce qui les regarde que de ce qui ne les regarde pas. Ils naissent dans des conditions obscures, grandissent dans le flou et meurent très approximativement. Leur art consommé de l’allusion leur permet toutefois de vivre comme vous et moi. Certains sont même parfois capables d’effets de précision très impressionnants et de jolis rendus « nez dans le guidon ».

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(Une voix lente, qui se parle à elle même… une sorte de vent coloré) « Je m’étais assoupi un instant, laissant mon esprit planer dans les espaces environnant mon corps – des collines arides au-dessus de la forêt des Trois Vents jusqu’à la petite pente qui vient caresser les berges de Grande Rivière, là où elle hésite encore entre deux mers - Soudain, un pressentiment me saisit et provoqua mon réveil. Les songes quittant progressivement la profondeur de mes chairs, je m’aperçus qu’une petite partie de mon ventre avait disparue. Tout du moins je ne la sentais plus respirer l’air à la surface, bien que j’aie toujours la sensation de sa présence. A sa place, un champ de blé m’enjambait, donnant à croire qu’en cet endroit de tout temps, la terre avait été immobile. Par ailleurs, alors que le soleil était à son lever je ne percevais qu’un très petit nombre de marcheurs. À n’en pas douter les deux faits étaient liés l’un à l’autre. Bien sur, vif et impétueux de nature, je mis rapidement en œuvre le reste de mon corps pour me reconstituer, arrachant les blonds épis usurpateurs de cet espace mien depuis des lustres et des lustres. »

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La nuit étirait ses bras sombres jusque dans les replis des rues, les vallées de jardins et mes errances de jeunesse. J'étais perdue sans espoir de renaître à la lumière, je ne trouvais que puits et ravins pour alterner ma route. Il suffit d'une lueur, d'une flamme aux allures vacillante pour qu'enfin mes yeux s'ouvrent.