lundi 14 novembre 2011

717 : dimanche 13 novembre 2011

Les Enluminés vivent en bouteille. Certains proverbes les amusent, d’autres moins. Ils se verraient bien génies en lampes mais ils ne sont des génies en rien et ils s’ennuient ferme. Derrière leur hublot, un monde vert et à peu près silencieux les regarde où ils se dégourdiraient bien les jambes. Au chapitre de l’humeur, les Enluminés se répartissent peu ou prou en trois grandes catégories : les réfractaires, les diffractaires et les consignés.

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L’océan bondit sur la plage et ruisselle sur la statue. Les vagues se succèdent, tandis que le jeune homme caresse la jeune femme. Il fait glisser sa langue sur son cou, effleure ses lèvres entrouvertes, embrasse ses épaules, prend dans sa bouche les pointes de ses seins. Etreignant ses fesses, il la pénètre, à califourchon sur le dôme de sable. Ses doigts rôdent sur son corps et l’océan s’abat sur le sable, l’eau tiède inonde la plage humide. Sans ouvrir les yeux, sans déplacer ses membres, la jeune femme nue se laisse prendre comme une statue.

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Ce jour là, personne ne vit Tamel. Et nul ne songea à son absence. Tout se passait au village des Hûles, comme si le petit enfant, le jeune garçon, l'adolescent, l'homme d'âge mur, le vieillard ou le mourant qu'il avait été ou serait un jour, s'était retiré des mémoires tel un rève lorsque la conscience s'ébroue au sortir de la nuit. Et de fait, Tamel avait rejoint ce jour là ce lieu, si intime et sincère qu'il atteint tout point de l'univers. Rien d'étonnant à ce que sa présence uniformément répartie se retrouve alors insignifiante pour tous. Hello petite étoile je te regarde et ne vois plus que toi et ne vois plus rien de toi et ne vois plus que moi... nous-moi.

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Aujourd'hui rien ne va. Sophie tire des chemisiers de sa penderie, les délaisse, hésite devant une robe et se dit qu'il fera trop froid, qu'elle serait trop habillée, bref ça ne va pas, tel pantalon a rétréci au lavage et tel autre a sauté un bouton, les couleurs de ses vestes lui semblent trop timide ou criardes, elle ne sait plus. S'habiller devrait être simple, un jean, un haut en coton et un pull, du pastel en éventail de gris et de rose et des chaussures confortables. Demain Sophie doit affronter la meute, seule face à la foule, demain elle doit convaincre, séduire sans en faire trop, être percutante et rassurante, finalement, enfin, elle se décide pour le premier ensemble qu'elle avait sorti de son placard, regarde la tornade de sa chambre et s'allonge un instant sur son lit : elle est déjà fatiguée...