vendredi 4 novembre 2011

707 : jeudi 3 novembre 2011

Devant leur miroir, c’est à longueur de journée que les Immanentes lissent leurs longs cheveux soyeux, caressent le velours de leurs joues, admirent la tendresse de leurs yeux. Rien ne peut les distraire de ce spectacle ensorcelant. Tant et si bien que lorsqu’un jour elles s’avisent que non loin d’elles, ça bouge et ça parle, elles considèrent cet étrange phénomène comme une ruse de leur corps, une sorte d’excroissance coquine de leur propre grâce. Les voilà dès lors qui s’inquiètent et s’interrogent : auront-elle assez d’une vie pour faire le tour d’elles-mêmes ?

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J'ai eu rêve orgueilleux – j'étais emportée dans un flux doré, souple et dynamique – un fleuve qui sortirait de son parcours pour se hisser vers le ciel, une cime, l'empyrée, une gloire – et je glissais avec lui, sans volonté, toute dans l'attente émerveillée de je ne sais quoi, bien enclose dans de longues lignes de matière onctueuse, pétrie de lumière.

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Tamel s’ébroua. Il se cassa en deux sur son lit, un instant interdit. Puis très rapidement il acheva de se lever, mit les vêtements qui se trouvaient au pieds de sa couche et, sans prendre la peine d’enfiler ses chaussures, ouvrit la lucarne qui donnait sur le toit et grimpa sur celui-ci. La nuit étaient glacée, une bise tenace le saisit tout entier. Quelques instants et quelques toitures plus loin, il redescendait par une autre lucarne, grande ouverte sur un ciel de pleine Lune, dans une minuscule chambre où, grâce à l’astre qui distribuait généreusement sa clarté à l’intérieur de la pièce, il put voir la petite Damouce endormie. Tamel releva la couverture de grosse laine sur le visage de la fillette, écouta quelques secondes sa respiration calme et légère, puis repartit comme il était venu, en refermant délicatement la lucarne.

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Elle compte. C'était inattendu et désarçonnant pour lui, le jour où il a réalisé qu'elle tenait dans sa tête (ou dans un carnet, qu'en savait-il...) une liste détaillée et précise jusqu'à la date et l'heure. Enfin, sur le coup, il ne comprit que l'essentiel... Affalé sur son matelas, les bras écartés de plénitude, il fixait le plafond de ses yeux verts perçant en ne songeant à rien, surtout à rien qu'à l'instant présent, et alors que le sublime allait le submerger une petite voix étouffée était parvenue jusqu'à lui de dessous les couvertures. Quinze. Ca fait quinze mon amour. Le temps qu'il comprenne et la débandade fut immédiate. Elle compte et cela le surprend, mais surtout il en est touché, que chacun de ces instants ait une importance assez grande pour qu'elle le grave dans sa mémoire, le fixe, et puisse y retourner, c'est immense et c'est beau.