Du trottoir d’en face, j’attends le camion rouge. Je me cache dans un renfoncement pour ne pas éveiller le soupçon. J’ai dit au téléphone qu’il ne semblait y avoir personne dans l’appartement concerné. Pour ne pas qu’un homme risque sa vie pour moi qui ai déjà sauvé la mienne. Sauvetage aux multiples dimensions : je me sauve aussi de la spirale de l’enfermement suivant laquelle je m’enfonçais dans un long tunnel à l’humeur sombre. Je me sauve aussi de la moisissure qui guettait mes doigts à transpirer sur un clavier muet. Je respire l’air du dehors. La fumée a une odeur de lilas.