lundi 22 octobre 2012

1004 : dimanche 21 octobre 2012


C'était, à Ivry, dans la cour de l'usine, les pieds dans la neige tassée et sale de la cour, à côté du camion, voir les deux hommes sortir des paquets, lire l'étiquette décrivant l'intérieur, décider ou le tenter de répartir les cadeaux entre les enfants du personnel, à l'usine, dans les ateliers et chantiers de province, à l'aide d'une liste de noms. C'était pester quand aucun âge n'était mentionné, pour les sexes se baser sur les prénoms... mais il y a des prénoms androgynes, comme Claude et ceux en ique qui font la nique (pardon). C'était les têtes qui se penchaient un instant aux fenêtres au dessus de nous, c'était une petite joie, une respiration. C'étaient deux voitures passant le portail, c'était la patronne lançant une plaisanterie et demandant, entre sourire et fermeté, que je me dépêche parce que suis nécessaire. C'étaient, dans la seconde voiture, les deux des commerciaux de province rescapés de la dernière charrette. C'était parler un instant avec eux, c'était flottant en moi petite rancune en pensant aux deux éliminés que j'avais reçus, fais attendre en les faisant parler de leur ville, pour rien, les agaçant peut-être un peu, juste pour les détendre. C'était la boite prenant poids, rachetant, gardant les ouvriers et les intérimaires le cas échéant mais ne pouvant conserver deux commerciaux. C'était des hommes installés, ou qui le croyaient, avec petite maison, voitures, enfants. C'était ne pas oser se plaindre de trouver cela pesant. C'était finalement ne plus pouvoir et démissionner. En attendant monter dans les bureaux pour la réunion, pour passer non pas les petits gâteaux mais presque, en fait surtout les dossiers et documents. C'était chercher du boulot.